Discussions islamologiques, acquis des recherches ou recherches en cours, anciens éditoriaux, courriers, ...

Le Messie et son Prophète

Aux origines de l'Islam

Actualités diverses liées aux recherches du site
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  [ le courrier n'est reproduit qu'en fonction de ses apports et avec l'accord du correspondant ]
            Sommaire

QUELQUES ARTICLES ISLAMOLOGIQUES DISPONIBLES SUR ACADEMIA.EDU

À propos des qršy’ (qoréchites) ou des qdšy’ mentionnés par Narsaï de Nisibe

Muhammad annonce la Venue imminente de Jésus

Ruines de Kilwa. Où donc sont passés les « polythéistes d’avant l’islam »?

Pourquoi « l’Hégire » vers Médine ? Quel sens en 622 ?

Ex-éditorial : un terrible article de l’Autorité palestinienne sur les atteintes…

Ex-éditorial (extrait) : délires antichrétiens en Egyte, antijuifs et cochons

Ex-éditorial : faut-il s'étonner de la volonté expansionniste islamique ?

Les « esséniens » ne sont plus à Qumrân. Mais sont-ils ailleurs ?

La recension du PISAI (Islamochristiana)

À propos du livre « Qui sont les chrétiens du Coran ?» (2008 /2005)

À propos du petit film « Fitna »: un faux débat

Difficultés d’une approche occidentale rationaliste

Islam et « cours de l’Histoire »

Le messianisme, une notion complexe



QUELQUES ARTICLES ISLAMOLOGIQUES DISPONIBLES SUR LE ACADEMIA.EDU

Recension de : Gnilka Joachim¸ Qui sont les chrétiens du Coran ?
Paris, Cerf, septembre 2008, traduit de l’allemand Die Nazarener und der Koran, 2005 ; 175 pages
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Il est impossible de présenter ce livre sans le situer dans son contexte. L’auteur, Joachim Gnilka, est un exégète du Nouveau Testament, connu outre-Rhin (né en 1928). C’est tardivement qu’il s’est intéressé au Coran. Le livre se présente comme un vaste dossier en huit chapitres, auquel il faut ajouter un addendum où il expose l’approche de Christoph Luxenberg relative au Dôme du Rocher et y suggère que Muhammad n’a jamais existé.

Le problème n’est pas de discuter cette thèse, dont les arguments principaux reposent sur la prise en compte de la facticité de la biographe de Muhammad ; cette facticité ne suffit pas à prouver l’inexistence du personnage, comme tend à le conclure un chercheur turco-allemand, Muhammad Kalish – ce présent site présente une explication bien plus fondée. De même, la lecture – au demeurant très contestable – d’une unique inscription sur le Dôme, ne le permet pas non plus, et c’est dommage que Joachim Gnilka ait donné dans ce travers, d’autant plus qu’à la plupart des questions qu’il pose intelligemment, des réponses avaient déjà été données et solidement argumentées. En 2005, il ne pouvait pas le savoir, car elles se trouvaient exposées dans les 1500 pages du livre Le messie et son prophète qui paraissait en même temps. Mais, début 2008, l’auteur en a justement fait une longue recension, ce qui est tout à fait à son honneur [A]. Or, un certain nombre de ses affirmations de 2005 étaient mises en cause dans ce livre. Rigoureusement, il aurait donc fallu postposer la publication de la traduction française et en revoir le texte. Ceci n’était sans doute pas possible en vertu du contrat avec les éditions du Cerf, auquel cas la responsabilité de cette lacune incombe à ces dernières. En tout cas, l’auteur s’est contenté d’ajouter le titre du messie et son prophète à la bibliographie.

Nous devrons donc regarder la traduction de 2008 à la lumière de l’étude parue en 2005 et également de la recension que l’auteur lui-même en a faite en 2008. Dès qu’on aborde la question-clef – Qui sont les nazaréens du Coran ?–, les points communs et les divergences des réponses possibles surgissent.

Certes, les « nazaréens » (naSârâ) du texte coranique ne peuvent pas être les chrétiens, sauf justement en certains passages de facture douteuse sur lesquels l’auteur ne s’interroge pas, sauf à propos du verset 5,51 (p.26) : Ne prenez pas pour amis les juifs et les naSârâ ; ils sont amis les uns des autres. Ce verset est en contradiction avec un autre de la même sourate al-mâ’ida qui dit : Les amis les plus proches des croyants sont ceux qui disent : nous sommes naSârâ (5,82). En cela, l’auteur voit simplement “des jugements fluctuants” causés par diverses “expériences concrètes”. Il ne lui vient pas à l’esprit que le premier des deux versets a pu être allongé, ce qui saute aux yeux dès qu’on lit : ils sont amis les uns des autres ; où donc dans le Coran les « juifs » et les « chrétiens-naSârâ » sont-ils dits être amis les uns des autres ? Le verset redevient cohérent ainsi : Ne prenez pas pour amis les juifs, ils sont amis les uns des autres. Dès 1996, Antoine Moussali avait démontré la modification apportée au texte en se basant plus spécialement sur la cantilation du verset, qui dévoile une rupture de rythme (imposée par l’ajout) [B]. Il faut voir par ailleurs qu’en tous les passages où apparaît la formule « et les naSârâ » (ou celle de « ou les naSârâ »), ce sont les chrétiens qui sont visés, et tel est effectivement l’acception acquise par le terme de naSârâ au cours du 8e siècle.

Bien sûr, l’auteur a raison de voir dans le sens coranique premier de ce terme la désignation d’une communauté marginale qui a joué un rôle majeur dans les origines de l’islam ; au reste, beaucoup de traducteurs rendent certaines de ses occurrences par « nazaréens » et non pas par « chrétiens », et certains s’interrogent même sur cette mystérieuse communauté. Mais alors, pourquoi l’auteur veut-il s’obliger à considérer a priori que le texte coranique actuel nous est parvenu intact depuis les origines, et qu’il serait l’œuvre d’un Arabe nommé Muhammad (p.101.125.137) ? Pourquoi renoncer ainsi à toute démarche exégétique cohérente ? Cette attitude de lecture servile à l’égard des commentaires islamiques, malgré les contradictions et les impasses qu’ils imposent, court au long du livre.

On le voit par exemple dans l’interprétation donnée à un autre verset de la sourate 5 (p.125), qui fait dire (négativement) à Jésus : Prenez-moi et ma mère pour deux divinités en dehors de Dieu ? (5,116). L’impasse serait de considérer que le texte coranique désigne ici Marie, mère de Jésus, car il n’y a pas le moindre indice nulle part de l’existence d’un groupe qui ait jamais divinisé Marie. Du reste, les commentateurs musulmans anciens savaient encore qu’ici, c’est l’Esprit Saint qui est désigné comme mère de Jésus, selon une manière de parler araméenne… qui est toujours actuelle parmi les chrétiens chaldéens ! Hélas, cette donnée ne relève pas de la spécialité de l’auteur (il rappelle les limites de celle-ci dans la recension) ; d’autre part, avant 2005, il pouvait d’autant moins la connaître que les islamologues ont tendance à occulter tout ce qui pourrait soulever la question : Qui sont les chrétiens du Coran ?

Pour l’auteur, ces chrétiens-nazaréens du Coran seraient une communauté syro-arabe qui aurait conservé un christianisme originel, pré-nicéen, c’est-à-dire non contaminé par le Concile de Nicée (325). Voilà qui expliquerait pourquoi le Coran s’en prend de mille façons à la foi chrétienne. L’auteur ne dit pas de manière explicite que le Concile de Nicée a inventé la divinité du Christ – c’est une thèse qui a été lancée en Allemagne au 18e siècle –, mais son préfacier, qui est en même temps le traducteur, Charles Ehlinger, fait plus que le suggérer. On lit ainsi : “le Coran…appartiendrait lui-même, à l’origine, à une mouvance de chrétiens restés prénicéens, c’est-à-dire des Eglises ou des communautés chrétiennes qui n’ont pas accepté le dogme de la Trinité défini au concile de Nicée” (p.9). Ces « chrétiens » pré-nicéens qui nient la divinité du Christ – notons que ce titre de Christ ou Messie ne peut pas être sans signification dans le Coran où il apparaît onze fois – manifesteraient donc l’état antérieur au « christianisme post-nicéen » qui, lui, professe sa divinité.

L’auteur défend l’idée du grand flou qui entourerait les débuts de tout phénomène religieux. Muhammad, supposé être l’auteur du Coran, se serait à la fois très bien et très mal informé : il ferait partie d’un « christianisme syro-arabe » qui aurait continué jusqu’à la fin du 7e siècle avec ‛Abd al-Malik, le constructeur du dôme du Rocher (p.148), ce qui expliquerait les innombrables liens entre le Coran et le monde judéo-chrétien qui le précède ; en même temps, il n’en ferait pas partie (il s’est inventé tout seul un monothéisme, p.126). Le christianisme lui aussi serait très flou, apparaissant au milieu d’un « judaïsme » dont l’auteur ne voit guère les frontières – le Testament de Benjamin (4), cité à propos de sourate 13,32, est classé comme « judaïque » alors qu’il exprime une opposition aux autorités de Jérusalem dès avant notre ère, et alors qu’il a été réutilisé et remanié à l’époque apostolique et plus tard encore par une mouvance qui est autant anti-judaïque qu’anti-chrétienne. Or, précisément, l’auteur pointe le doigt vers un “judéo-christianisme, toutefois uniquement celui qui s’est détaché de la grande Église et a développé son courant propre” (p.96), “dont les représentants sont appelés ébionites dans la littérature qui les combat, [et qui] refuse de reconnaître Jésus comme fils de Dieu” (p.126). Mais il ne rapproche pas les données.

Une des apories de la traduction parue au Cerf ressort de la recension de 2008 : pour l’auteur, les manuscrits de la mer Morte et la littérature apparentée sont uniquement pré-chrétiens et, de plus, liés à Qumrân – une vieille conviction que même un ardent partisan comme André Paul renie aujourd’hui. L’auteur fait du judéo-christianisme un grand tout dans lequel “on reconnaît ou on ne reconnaît pas la divinité de Jésus” (p.98) comme s’il s’agissait d’un point accessoire. Justement, la dimension eschatologique liée à la messianité de Jésus forme la spécificité de la dérive judéo-chrétienne qui nous intéresse. Une objection de l’auteur à la prendre en compte tient à sa manière de voir la dualité des aspects messianiques (le Messie doit être sacerdotal et aussi politique). Cette supposée double attente fut seulement une question logiquement soulevée dans certains courants contestataires du culte du Temple, et la dérive messianiste « judéo-chrétienne » (qui est en réalité anti-judéochrétienne) l’a reprise en répondant qu’en Jésus, les deux aspects messianiques coïncident – un texte témoigne de cette juxtaposition un peu maladroite. L’Épitre aux Hébreux défend aussi cette coïncidence, qui est présentée comme intrinsèque : de par sa divinité, Jésus est le Roi à qui appartient le Trône (1) en même temps que le Grand Prêtre (2-9). Et il viendra une seconde fois (9,28) : là se situe la clef eschatologique déterminante.

L’autre aporie est une contradiction majeure : il faudrait penser d’une part que Muhammad est à l’origine du Coran (l’auteur va même jusqu’à l’imaginer se plaçant lui-même dans la lignée des prophètes – p.120), et d’autre part qu’il n’aurait jamais existé (p.147-155). Entre ces deux extrêmes, n’existe-t-il pas une autre approche possible ?

Tout historien rencontre une difficulté avec le matériel islamologique, en ceci qu’on ne peut pas s’appuyer sur les hadith-s avant de comprendre pourquoi et comment ils ont été fabriqués, et il en est de même pour la Sîrah ou biographie de Muhammad composée deux siècles après les faits supposés. Une grande prudence est nécessaire – Alfred-Louis de Prémare l’a montré mieux que quiconque. Gnilka n’a malheureusement pas bénéficié d’un tel recul. Aussi, le lien « eschatologique » lui échappe entre la dérive « judéo-chrétienne » – elle s’appelle « nazaréenne » en réalité – et le proto-islam. L’objection essentielle de sa recension portant là-dessus, il conclut alors : “Est-ce que Muhammad s’est vraiment entendu comme tel [c’est-à-dire comme prophète] ? Et par-dessus le marché comme le prophète du Messie Jésus ? Cette thèse est à rejeter” (p.306).

Seulement voilà : on possède au moins deux témoignages fiables (ce qui est très rare), basés sur des contemporains, et indiquant clairement que Muhammad a annoncé le retour imminent de Jésus (au sens de sa redescente du Ciel sur la terre), ce qui était bien l’espérance de la dérive nazaréenne. Le premier est la strate primitive d’un hadith (qui a été allongé par la suite) :
Selon Abu Hourayra, le Prophète a dit : « Par Celui qui tient mon âme en sa main, la descente de Jésus fils de Marie est imminente ; il sera pour vous un arbitre juste… il mettra fin à la guerre et il prodiguera des biens tels que personne n’en voudra plus »” (Bukhari et Muslim) [C].
Ce souvenir, que les manipulations ultérieures n’ont pas pu effacer, est recoupé par l’autre témoignage contemporain, conservé dans la Doctrina Jacobi et tiré d’une lettre envoyée par un juif rabbinique à son frère ; elle indique :
« il [Muhammad] proclamait la venue du Messie qui allait venir ».

On ne fait pas d’histoire en négligeant des documents aussi importants. Le hadith manquait certes dans l’édition de 2005 du Messie et son prophète mais figure depuis longtemps sur ce site. Dans sa recension au demeurant subtile et détaillée, Joachim Gnilka a remarquablement exposé la difficulté qui était la sienne, et qui touche effectivement une question centrale. Cependant, cette difficulté s’évanouit dès que l’on prend mieux en compte le matériel historique disponible.

Entre un Muhammad hyperpotent et un Muhammad inexistant, le personnage historique réel apparaît et prend forme.  
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Délires islamistes antichrétiens en Egypte, juifs et cochons 

Si l’on met de côté l’horreur du Soudan actuel, la palme du délire islamique politique et collectif revient à l’Egypte. Depuis le mois d’avril, le gouvernement a décidé d’abattre les porcs, qui menaceraient le pays – alors qu’aucun cas de grippe A (virus H1N1) ne s’est déclaré en Egypte et que les braves cochons, qui forment la nourriture des chiffonniers (essentiellement chrétiens), y sont totalement étrangers. Dans le même temps, une grave recrudescence de la grippe aviaire de 2006 (virus H5N1) se développait en impliquant – là réellement – les volailles et autres oiseaux domestiques : le gouvernement décida alors de les abattre également. En théorie. Sur le terrain, c’est contre les cochons qu’on envoie la police et l’armée.

“Le parlement, note Marie-Gabrielle Leblanc, siège depuis des jours sur ce grave sujet. Les députés musulmans (rappelons que les chrétiens qui représentent 17% de la population, ne disposent que d’un seul député élu, les trois autres étant des fantoches nommés par le gouvernement) débattent en grandes envolées où la passion prend objectivement le pas sur la raison : « les chrétiens vont empoisonner toute la planète avec leurs cochons », « le problème des porcs est cent fois pire que la bombe atomique »”.

On voudrait chauffer l’opinion qu’on ne ferait pas mieux. Le dimanche 10 mai, deux bombes ont même explosé à Zeïtoun (banlieue nord du Caire) devant la célèbre église où des centaines de milliers d’Égyptiens y compris des musulmans ont dit avoir vu la Vierge Marie en 1968-69.

Depuis longtemps, le gouvernement ourdissait un projet de destruction des quartiers chrétiens pauvres du Caire, ceux des chiffonniers, en déplaçant ceux-ci par force dans le désert, loin au sud du Caire. De cet endroit sans aucune infrastructure, ils ne pourraient plus aller au centre-ville où ils ramassent les poubelles : les 30 km sont infaisables deux fois par jour avec la carriole tirée par un petit âne, et d’ailleurs ils n’auraient aucun lieu pour trier les ordures ramassées. Et qui alors ramassera les ordures : c’est le moindre des soucis du gouvernement. Son but apparaît assez clairement : faire mourir de faim les chrétiens pauvres. Au nom du combat contre le sionisme. Explications.  

Tuer les porcs à défaut des juifs. Et les chrétiens.

Selon le cheikh Ahmad Ali Othman, inspecteur des affaires relatives à la Dawa au ministère égyptien des cultes, les porcs d’aujourd’hui descendent des juifs. On lit en effet dans le Coran :

« Dois-je vous indiquer quelque chose de pire que cela, [à en juger par] le traitement administré par Allah ? Ceux qui se sont attirés la malédiction d’Allah et Sa colère, dont certains ont été transformés par Lui en singes et en porcs, ceux qui ont adoré les démons – ceux-là sont pires en rang et bien plus égarés du droit chemin ! » (Coran 5:60).

Othman explique que ce verset se réfère au peuple de Moïse, et que les commentateurs musulmans Ibn Kathir, At-Tabari et Al-Qassimi en apportent les preuves dans leurs ouvrages. Il existe certes deux écoles de pensée : une opinion veut que les Juifs qui ont été transformés en porcs par Allah soient morts sans se multiplier, tandis que l’autre opinion stipule qu’ils se sont multipliés et que leurs descendants sont encore en vie aujourd’hui. Cette dernière hypothèse doit prévaloir en vertu d’un hadith annonciateur de Jour du Jugement : « les Juifs se transformeront en porcs pour être ensuite avalés par la terre ». Et il conclut : « Je tends personnellement à croire que les porcs en vie aujourd’hui descendent de ces Juifs, et c’est pourquoi Allah nous en a interdit la consommation en ces termes : Seront pour vous interdits [à la consommation] les charognes, le sang et la chair du porc (Coran 5:3). En outre, l’une des actions de Jésus quand il reviendra sur terre au Jour du Jugement sera de tuer tous les porcs, et c’est là la preuve qu’ils descendent des Juifs. Tous les porcs de la terre seront détruits par Jésus au Jour du Jugement ».

À défaut de pouvoir tuer les juifs israéliens (ceux d’Egypte sont partis depuis longtemps), il faut donc tuer les porcs : eux n’ont ni armée ni avions pour les défendre. Et les chrétiens en même temps – en Egypte, ils forment aujourd’hui 17 % de la population (80 % encore au 16e siècle), et leur histoire est jalonnée de génocides, selon ce que « Dieu » Lui-Même inculque aux musulmans dans le Coran : “Allah aime ceux qui vont jusqu’à tuer (qâtala) sur le chemin d’Allah [c’est-à-dire pour Lui]” (Coran 61:4), et d’ailleurs, “ce n’est pas vous qui les avez tués mais c’est Allah” (8:17) : « Dieu » est dit assumer les crimes commis en Son nom. C’est logique.  
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Repeindre en vert la Maison Blanche ?

Certains voient tout en noir, d’autres tout en rose. La fin du mois de septembre 2008, qui coïncidait quasiment avec la fin du mois islamique de ramadan, a été marquée à New York par l’illumination en vert de l’Empire State Building.

Que Diable, le Grand Satan américain décore un de ses monuments emblématiques à la gloire de l’islam ! On ne peut qu’admirer ces efforts faits pour manifester une « ouverture » – celle-ci venant pour ainsi dire illustrer des propos flatteurs tenus par le Président américain en diverses occasions. En Europe, on n’est pas en reste. Un président n’a-t-il pas déclaré le 16 juillet dernier que « l’islam a porté l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses civilisations dans le monde » et que « l’islam, c’est le progrès, la science, la finesse, la modernité » ? De l’autre côté de la Manche, la perfide Albion est encore plus brillante en la personne de son Prime Minister qui a eu ces paroles pour le début de ramadan :

« Les musulmans contribuent pour une large part au succès du pays, à notre prospérité, à notre culture et c’est l’occasion de rendre hommage à la contribution de l’islam à la Grande-Bretagne mais aussi au monde entier ».

Après des paroles si encourageantes, les jeunes musulmans n’ont plus qu’à pratiquer leur Ramadan – autrement, ils se déconsidéreraient. Et à partir se former à la Révolution islamique en Afghanistan (ou dans les camps islamistes paramilitaires des forêts canadiennes – il y fait froid mais c’est plus simple).

On peut se demander sans rire quels buts poursuivent les représentants du « Grand Satan » ou de ses alliés. Et d’abord, leur « bonne volonté » affichée convainc-t-elle ? En parcourant le web, on peut en douter. Il s’y élabore un islam sans plus d’enracinement dans les diverses traditions des parents (ou des grands-parents) de ceux qui s’y adonnent. Cet islam « de la toile », mais qui est curieusement aussi celui des manuels scolaires en usage dans des pays comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite, ne risque guère d’être convaincu par les bonnes paroles du « Diable » qui, on le sait, ne fait que mentir, même s’il dit des parcelles de vérité. Au demeurant, si l’islam est si beau, pourquoi ces hommes politiques ne deviennent-ils pas musulmans ? Certes, si de nombreux suffrages en dépendaient, gageons que certains se déclareraient tels. Mais dans tous les cas, la sincérité est problématique.

Si l’intention est d’acheter la paix sociale par des flatteries et des privilèges accordés à ceux qui se disent ou diront musulmans, elle s’avère en tout cas sans effet – ou plutôt avec effet opposé : toujours davantage de revendications. Mais de la part de qui ? Est-ce finalement une ouverture à l’égard des musulmans ou seulement à l’égard de « l’islam » ? Quel bénéfice les musulmans tirent-ils à se voir enfermés dans des « accommodements » à la mode canadienne (que certains veulent imiter en Grande-Bretagne), où ils sont livrés au pouvoir d’instances et de tribunaux islamiques ? Pour combien d’entre eux – parfois de la génération précédente il est vrai –, la venue en Occident ne fut-elle pas la fuite vers des Etats où règnent un certain droit et une certaine justice, et qui permettent de vivre plus dignement ? Pour les groupes à vocation terroriste qui rêvent d’encadrer les quartiers ou milieux étiquetés musulmans, le bénéfice est certain, à l’inverse de ceux qui vont les subir. Mais à qui d’autre profitent ces dérives ? La formule de « choc des civilisations », aussi pompeuse que fautive, décrirait-elle moins une situation qu’un modèle, élaboré dans les sphères auxquelles l’auteur du livre au même titre participe ouvertement ? Le « grand Satan » (capitaliste) est-il occupé à développer délibérément ce nouvel islam ?

Le nouvel islam – le webislam planétaire – renoue sans doute avec les traits originels qui sont expliqués en ces pages, et qui s’étaient parfois estompés, en particulier avec des projets de domination mondiale. Mais de tels projets sont-ils l’apanage seulement d’une vieille tradition qui, au point de départ (et ensuite dans l’islam), les a justifiés au nom de Dieu ? Dans des traditions apparues ultérieurement, la justification de ces projets ne requiert plus obligatoirement l’utilisation perverse du sens religieux. Mais un point crucial reste commun : haïr la paix. Qui veut dominer doit créer un climat de terreur, propice à toutes les manipulations, qui renforceront à leur tour la domination. En gros, il s’agit de monter les gens les uns contre les autres, à l’échelle du globe comme à celle de chaque ville (y compris dans les pays « musulmans » entre « modérés » et « extrémistes »), et d’obliger ainsi chacun à entrer dans un modèle bien cadré, par le jeu d’une fausse alternative. Vous avez le choix : ou bien la liberté avec la soumission à la dictature de l’individualisme (c’est-à-dire du « marché »: toute la vie humaine doit être objet d’offre/vente et de demande/achat), ou bien le nouvel islam avec la soumission à ses structures théocratiques et terroristes – dans les deux cas, vous êtes perdant. Ce jeu de ou bien / ou bien à l’échelle mondiale a un air de déjà vu, du moins pour ceux qui se rappellent des années antérieures à 1989. Pour la plupart cependant, la mémoire est courte, et, globalement, le jeu fonctionne toujours.

Va-t-on repeindre en vert la Maison Blanche pour le prochain Ramadan ? C’est une idée à creuser. On n’en est plus à une manipulation près.

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Lancien Président américain Georges Bush nous avait habitués à des déclarations dithyrambiques à la gloire de l’Islam, au point que nous avions suggéré de repeindre en vert la Maison Blanche. Fraîchement élu, son successeur, Obama, n’aura pas déçu dans le genre. Auparavant, écrivions-nous, en Europe, on n’avait pas été “en reste. Un président n’a-t-il pas déclaré le 16 juillet 2008 que « l’islam a porté l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses civilisations dans le monde » et que « l’islam, c’est le progrès, la science, la finesse, la modernité » ? De l’autre côté de la Manche, la perfide Albion est encore plus brillante en la personne de son Prime Minister qui a eu ces paroles pour le début de ramadan :

« Les musulmans contribuent pour une large part au succès du pays, à notre prospérité, à notre culture et c’est l’occasion de rendre hommage à la contribution de l’islam à la Grande-Bretagne mais aussi au monde entier ».”

Barak Obama en a remis une couche au Caire, le 4 juin 2009. Il faut dire qu’il n’apportait rien aux Egyptiens. Les mots sont une peinture qui ne coûte pas grand-chose et qui cache à souhait ce que les auditeurs musulmans ne sont pas conviés à regarder. “C’est l’Islam, s’écrie-t-il, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au siècle des Lumières” – le reste de la péroraison est dans le style. Le négationisme historique est patent : il n’y a pas un historien sérieux qui ne fasse la part des choses entre d’une part les chrétiens du Proche-Orient, qui représentaient la grosse majorité des habitants à l’époque appelée à tort « l’âge d’or » de l’Islam, et d’autre part les musulmans qui, en dehors de l’art de brandir le glaive, n’ont jamais développé que des arts mineurs, d’ailleurs cités par Obama, comme la calligraphie ou l’architecture. Et encore : celle-ci doit tout aux Byzantins et aux Perses.

Il aurait pu mentionner aussi l’art des arguties théologiques et juridiques. Ou encore, celui de raconter des histoires et de fabriquer des hadith-s – on a produit jusqu’à un million six cents mille de ces petits récits centrés sur une parole du « prophète de l’Islam ». La véritable culture, qui est celle qui aide à vivre et non l’inverse, a été le fait des communautés chrétiennes ainsi que des minorités juives, tant qu’elles ont été assez nombreuses (c’est-à-dire malgré l’Islam), comme l’a bien montré Jacques Heers ou Sylvain Gougenheim : sciences pratiques ou théoriques, musique, médecine, astronomie, philosophie (dont de rares penseurs musulmans se sont inspirés à travers des traductions en arabe et qu’ils ont développées) etc. Pour ce qui en est de l’Occident, une partie importante du savoir antique s’y était maintenu, parfois grâce aux Byzantins, et les 12e et 13e siècles furent d’intenses époques de (re)découvertes et de productions nouvelles.

Mais de tout cela, Obama n’a cure. On dirait qu’il se plaît à entretenir la pensée islamique dans ce que des intellectuels musulmans n’hésitent pas à qualifier d’autisme collectif. Et si c’était le but recherché ?
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Un musulman dénonce les atteintes faites aux Chrétiens

De : Nouvelles de Terre Sainte, n° 199, Janvier-février 2009, p.54-55

Dans une chronique du quotidien palestinien Al-Ayyam (journal de l’Autorité palestinienne, le 25 octobre 2008), Abd Al-Nasser Al-Najjar parle de la persécution des Chrétiens dans les pays arabes, notamment sous l’Autorité palestinienne. Des propos que les Chrétiens palestiniens ou israéliens n’oseraient pas tenir. Extraits. 

Les Chrétiens sont persécutés non seulement en Irak, mais dans la plupart des pays arabes, sans égard pour leur nombre dans ces pays, ils sont victimes de tous les types possibles de discriminations, ainsi que d'expulsions.

Le problème est que ce ne sont pas seulement les officiels arabes qui gardent le silence [vu que leur mentalité primitive est centrée sur le culte du dirigeant] mais, ce qui est plus inquiétant, les intellectuels arabes, les élites, les organisations non-gouvernementales et les dirigeants du secteur privé. Tous ces groupes observent celle folie sans précédent sans évaluer le danger représenté par ces crimes. (…)

Aujourd'hui, le problème est également répandu en Egypte, au Liban, en Algérie et en Palestine ; même si la situation est un peu différente en Palestine, la tendance est la même.

Soyons honnêtes avec nous-mêmes en reconnaissant courageusement que les Chrétiens palestiniens reçoivent de nombreux coups durs, et continuent de souffrir en silence pour ne pas attirer l'attention. Je ne pense pas ici aux souffrances causées par l’occupation… mais aux agissements de ces vingt dernières années au moins, [qui durent depuis peut-être déjà] le début de l’occupation en 1967, et qui incluent la confiscation des propriétés des Chrétiens, notamment à Bethléem, Ramallah et Al-Birah.

Pour ne rien arranger, ceux qui pillent les propriétés [des Chrétiens], ont du pouvoir ou bénéficient de l'appui de divers éléments, dont des hauts gradés et des membres influents de clans importants.

Les efforts des dirigeants politiques pour remédier au problème se sont soldés d'un échec. Le système judiciaire n'a pas non plus su [résoudre] ces problèmes, qui existent encore aujourd'hui. Ces dernières années, plusieurs de mes amis Chrétiens m'ont confié les souffrances endurées, les menaces, de mort parfois, proférées parce qu'ils avaient tenté de récupérer leurs terres usurpées par d'influents résidents de Bethléem.>

En outre, il y a en des tentatives de marginalisation de la culture chrétienne en Palestine, bien qu’elle y soit foisonnante et profondément ancrée. Cela a commencé par des accusations d’impiété [à l’encontre des Chrétiens]. Cette tendance a fini par affecter la société palestinienne dans son ensemble (…)

Malgré toutes les injustices [commises contre les chrétiens], aucune action constructive n’a été prise pour enrayer le phénomène et défendre leurs droits, ni par aucune des trois branches [exécutive, législative et judiciaire], ni par les ONG, ni même par des factions politiques [Des mesures auraient dû être prises] non par gentillesse ou compassion, mais parce que les Chrétiens palestiniens sont des indigènes sur cette terre et se trouvent dans la même situation que nous [musulmans], ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Mais le problème de fond ici est peut-être lié a la culture. Nous continuons d’insuffler une culture horrible à nos enfants, culture qui présente les Chrétiens comme des infidèles (…) comme étant « l’autre ». Nous avons besoin d’une injection d’humanisme et de patriotisme. Nous devons hausser le ton et rétablir les droits bafoués des Chrétiens, ceci afin de préser­ver l’équilibre démographique qui permettra de sauvegarder l’unité de notre pays et [d’affirmer] la légitimité de la cause palestinienne.

Souvenons-nous que  les tribus d’Arabie étaient chrétiennes. Les meilleurs poètes et écrivains étaient Chrétiens, tout comme nombre de guerriers et de philosophes (...) Ce sont eux qui portaient la bannière du panarabisme. La première université palestinienne a été créée par des Chrétiens.

Assez [d’exemples] ! Ce ne sont pas des mots dont nous avons besoin, mais d’attitudes progressistes, et de vérité, afin qu’elles puissent être présentées aux dirigeants tyranniques, que les clercs et les anciens ne soient pas les seuls Chrétiens restant en Terre sainte et dans la ville de la naissance [de Jésus].

Abd AL-Nasser Al-Najjar 

traduction: Institut de Recherche des Médias du Moyen-Orient

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Kilwa. Où sont passés les « polythéistes d’avant l’islam »?
 

Plus le temps passe, plus l’idée des « polythéistes arabes » fait problème. Si l’on en croit les discours habituels sur les origines de l’Islam, la péninsule arabique aurait été peuplée de tribus arabes restées polythéistes, c’est-à-dire demeurées dans un état d’ignorance (la fameuse « jahilyya ») avant que Muhammad ne leur apporte la lumière de la révélation coranique. La question est : où sont donc passés ces polythéistes pré-islamiques supposés ?

Déjà, il a fallu admettre la réalité des évêchés chrétiens tout autour de la péninsule arabique, tandis qu’au nord les royaumes arabes de Hira et de Ghassan, chrétiens, sont connus depuis longtemps pour leurs églises et leurs monastères de moines et de moniales (ce qui en dit long sur la place tenue par la femme dans la société arabe tribale avant l’Islam). Toutes ces réalités chrétiennes arabes ont été détruites par l’Islam, mais il est devenu impossible de faire semblant qu’elles n’ont pas existé – en tout cas parmi les historiens. Trop de vestiges archéologiques aujourd’hui connus indiquent le contraire.

Mais, objectait-on, la partie désertique et centrale de la Péninsule arabique était, elle, s’était isolée durant six siècles avant Muhammad, de sorte qu’elle était restée polythéiste – puisque le dogme islamique le dit. Voilà un isolement bien curieux pour des populations nomades qui ne pouvaient survivre qu’en ayant des contacts commerciaux avec les populations des alentours – on va y revenir. Mais surtout, on commence à parler des vestiges chrétiens arabes à l’intérieur de la péninsule. Un article paru dans Le Monde de la Bible (juin-août 2008, n°184 p.49) fait part de la découverte de Kilwa en Arabie Saoudite : il s’agit d’un ensemble composé de cellules monastiques et d’une chapelle, situées non pas près de la côte, mais à une trentaine de kilomètres de la frontière jordanienne actuelle. On ne peut pas dissimuler indéfiniment les découvertes – comme cela est arrivé parfois au sens propre : l’une d’elles, un monastère, avait été sorti des sables il y a trois ans par des archéologues saoudiens, et vite recouvert ensuite sur ordre du ministère, selon une source bien informée. La mission archéologique de Kilwa de février 2008, elle, était conduite par une Française, Saba Farès, de l’Université de Nancy. Une nouvelle mission devrait permettre d’en savoir plus sur le site et sur un certain Takia qui est cité là dans une inscription en arabe, ainsi que sur bien d’autres éléments de cet ensemble monastique complexe qui comptait un ermitage troglodyte surplombant le site.

Une telle découverte est-elle vraiment surprenante ?

Si l’activité principale des tribus arabes nomades était le commerce caravanier traversant le désert, il était insensé d’imaginer que celles-ci soient restées étrangères à la révélation biblique. Cette idée était d’autant plus une absurdité que les contacts entre Arabes et non arabes étaient continuels, et cela depuis six siècles. Or, il n’est jamais arrivé nulle part qu’un polythéisme antérieur se maintienne dès l’instant que la révélation biblique est découverte, c’est-à-dire dès que des liens s’établissent avec des juifs ou des chrétiens.

On objectera encore que cette impossibilité absolue devait compter une exception : La Mecque. C’est effectivement une exception : il n’existe pas d’autre ville au monde où toute fouille archéologique soit interdite. Pire même : les autorités saoudiennes sont en train de détruire tous les édifices anciens, au grand dam de certains Saoudiens qui y voient l’un la maison de Muhammad, l’autre la première école musulmane (parce que Muhammad est supposé y avoir enseigné), etc. – un défenseur des vieilles maisons, Sami Angawi, conclut en disant : “Nous sommes en train de détruire les liens physiques vers notre passé et faire de notre religion et de notre histoire une légende” (voir http://archaeologynews.multiply.com/journal/item/212). N’est-ce pas surtout un moyen d’empêcher toute recherche sur place permettant justement de discerner ce qui est légende de ce qui ne l’est pas ?

Pour ce qui est de la recherche dans les sources, un fait s’impose : La Mecque n’est mentionnée par aucune source ancienne, et cela jusque bien après la période de Muhammad. Ce qui a été avancé en ce sens repose sur des historiographes musulmans tardifs, à la solde des Califes, ou sur une très vague ressemblance avec le nom d’un port mentionné par le géographe Ptolémée, mais situé ailleurs – de plus, La Mecque est non seulement loin de la côte mais était dépourvue d’accès à la mer (le port de Djedda n’existait pas). Quant à l’unique mention dans le texte coranique, elle ne vise pas la ville actuelle mais un lieu-dit appelé Makkah situé très loin de là (voir Le messie et son prophète, Tome II, chap. 3.4). La question se pose d’ailleurs de savoir si la ville du Hijâz qui apparaît sous ce nom dans les années 670 (ou plus tard encore) n’avait pas pour seule raison d’être que de fournir un lieu « historique » concret au choix de la nation arabe par Dieu, un choix imaginé et décrété par les Califes successifs – c’est là le thème premier de « l’islam » (qui ne s’appelait d’ailleurs pas encore islam à ce moment-là).

Le christianisme, parfois assez récent ou encore assez superficiel, des tribus arabes est difficilement niable quand, en plus de ce qui précède, on constate qu’au 6e siècle, l’Eglise d’Antioche avait encouragé des prêtres à pérégriner avec les caravanes arabes, et que ceux-ci célébraient pour ces nomades chrétiens en plein air sur des lieux aménagés (dont il existe divers vestiges archéologiques).

Vraiment, il y a une grosse difficulté avec les « polythéistes arabes » supposés exister encore au temps de Muhammad. La seule explication rationnelle possible, c’est que la révélation coranique ait eu lieu sur une autre planète, et que des extra-terrestres l’aient apportée en se faisant passer pour des Arabes. Voilà qui tient mieux la route que tout ce qui est répété jusqu’à aujourd’hui.

Ou alors, il faut penser qu’il n’y a peut-être pas eu de « révélation », et que le texte coranique a une autre – et assez longue – histoire. Du reste, pendant des siècles, beaucoup de musulmans s’en sont passé (et pendant un siècle en Andalousie, il semble qu’il était inconnu). Et personne ne s’en est porté plus mal.  
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Un islam très normalement expansionniste  

Daucuns s’étonnent du fait que, dans leur majorité, les responsables musulmans tiennent discrètement (ou pas discrètement) à leurs fidèles des propos appelant à la conquête de l’Europe et à la disparition de la laïcité, et développent des stratégies en ce sens. Est-ce si anormal ? Lors de la 26e Rencontre des musulmans de France, les 10 au 13 avril 2009 au Bourget, l’un des orateurs (Tareq al-Suwaidan, ancien ingénieur, devenu le directeur de al-Resalah TV et membre dirigeant des Frères Musulmans) alla jusqu’à rappeler le projet de conquérir Rome comme l’a été Constantinople en 1453 (voir Lina Murr Nehmé, 1453, Chute de Constantinople : Mahomet II impose le Schisme Orthodoxe, Paris, de Guibert-DDB, 2009) – projet dont le pouvoir musulman fit un hadith fictivement mis dans la bouche de Mahomet. L’orateur fut très applaudi. Du point de vue de la foi islamique, l’islam ne doit-il pas sauver le monde, donc d’abord le dominer ?

Bien sûr, le mieux serait de sauver le monde de manière pacifique – telle est l’intention sincère, qui est toujours mise en avant. Mais que faire si le monde ne veut pas se laisser sauver ? Il faudra employer alors d’autres méthodes, car une telle fin universelle et quasiment mystique justifie tous les moyens. Le Mahomet des traditions islamiques donne l’exemple de ces moyens à employer si c’est nécessaire : ruse, assassinats, génocide (des juifs de Médine), tromperies, etc. Tout ceci est d’autant plus significatif que la plupart de ces faits ne sont justement pas historiques – ils ne datent pas de l’époque de Mahomet. Mais ils auraient pu l’être : le texte coranique les préconise au besoin et les justifie à l’avance, allant jusqu’à expliquer que les meurtres commis « sur le chemin de Dieu », c’est-à-dire pour le triomphe de l’islam, Dieu en assume Lui-Même la responsabilité (sour. 8,17 ; 9,14 ; etc.). Et Il est Lui-Même présenté comme plein de ruses (sour.3,54 ; 7,99 ; etc.).

Dans les pays islamiques, il est interdit de soulever ces évidences sous peine de représailles de la part de l’Etat (elles peuvent aller jusqu’à la peine de mort) : ce même terrorisme d’Etat, les responsables musulmans voudraient le voir advenir peu à peu en Europe, le premier pas étant d’introduire le concept fallacieux « d’islamophobie » dans la législation, comme délit à sanctionner. Disons-le clairement : « l’islamophobie » n’existe que dans la tête des propagandistes de l’islam. L’amitié qu’on a pour les musulmans ne peut que conduire à s’opposer aux entreprises hégémoniques d’un système politico-religieux qui opprime les musulmans eux-mêmes et élimine tout ce qui est « autre », comme on peut le constater en Egypte, au Pakistan, et en fait partout où les informations non tronquées permettent d’avoir une vision juste de ce qui se passe pour les gens – et le sort réservé aux non musulmans est un critère qui ne trompe pas.

Rappelons l’origine du concept « d’islamophobie »: il fut inventé par l’Ayatollah Khomeiny (durant les années où il était royalement hébergé en France). Il fonctionne comme le concept « d’anti-communiste » par lequel, durant 50 ans, les procommunistes ont empêché toute critique du communisme, qui devait être l’avenir de l’humanité et qui était donc déclaré bon en soi – seuls ses « excès » auraient été mauvais. On peut avoir de la sympathie pour les croyants en ce système et constater qu’il a été une horreur pour l’humanité – et pour les communistes eux-mêmes. On peut aimer les musulmans et percevoir que l’islam réalise bien autre chose que le paradis sur terre dans la mesure même où il s’impose rigoureusement quelque part.

Ainsi, parler « d’islamophobie » est une perversion du langage tout aussi totale que seraient par exemple le concept de « pédophilophobie » ou celui de « financiophobie », comme si la société civile serait atteinte d’une maladie (une « phobie ») consistant à se protéger des atteintes de détraqués sexuels ou d’un système financier dérégulé qui plonge dans la misère des millions d’hommes par ses malversations – et le pire reste à venir.

La question de fond demeure et devra bien être regardée en face un jour : si l’islam est le salut du monde, il est absolument normal qu’il utilise tous les moyens pour s’imposer. C’est une question de foi. Il est plus normal encore que les sociétés civiles et tous les démocrates s’opposent aux applications d’un tel système, y compris dans les pays musulmans comme on le voit au Pakistan actuellement. Mais pourra-t-on éviter de dire qu’un système qui se dit bon et qui a toujours utilisé tous les moyens – y compris les plus mauvais à commencer par le mensonge sur ses propres origines et le terrorisme – ne peut pas être bon en soi, et pas seulement du fait « d’excès » ?

Et pourra-t-on toujours éluder la question : d’où vient la « foi » islamique ?  
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Les « esséniens » ne sont plus à Qumrân. Sont-ils ailleurs ?  

En juin 2007 déjà, André Paul annonçait un revirement ; il publie en 2008 un livre intitulé Qumrân et les Esséniens (dont l’essentiel était déjà paru dans la revue Esprit et Vie) avec pour sous-titre : l’éclatement d’un dogme – en bon français : la mise en question d’un vieux postulat.  Rappelons l’enjeu en quelques mots.

Selon ce qui est habituellement enseigné, les manuscrits retrouvés dans les grottes de la mer Morte ainsi que la littérature qui y est apparentée auraient été l’œuvre d’une secte appelée « les esséniens », préfigurant le monachisme, et disparue en 68 de notre ère. De ce fait, ce courant de pensée n’aurait eu aucune postérité et ne recouvrirait qu’une période très restreinte (il n’offrirait pas déjà de développements typiquement post-chrétiens) ; il n’y aurait pas de lien entre cette vaste littérature messianiste et guerrière, et les courants politico-religieux apparus ensuite et qui reprennent souvent les mêmes thèmes (ils sont présentés dans ce site). Inversement, si, comme l’écrit André Paul (p.77), les « esséniens » comme tels forment un “mythe”, la littérature qui a été mise sous leur nom doit être requalifiée et replacée dans une autre approche historique.

Cependant, contrairement à que laisse entendre la page de couverture, l’auteur, qui, il y a sept ans encore, enseignait que Jésus est allé se former chez les Esséniens, ne développe pas un revirement pleinement cohérent. Selon lui, on devrait imaginer encore que cette secte mythique ait habité quelque part – en tout cas pas à Qumrân dont il a été démontré qu’il s’agissait d’un lieu de production économique. L’auteur semble hésiter encore, à moins que ce ne soit une précaution oratoire :

Deux thèses s’opposent. L’une, la thèse essénienne, isole, sacralise et communautarise Qumrân ; l’autre, sans unité pour l’heure, désenclave, sécularise et dès lors décommunautarise le lieu. Nous préconisons de ne point choisir entre les deux” (p71).

Sans doute est-il adroit de tenir compte des présupposés largement répandus, dont témoigne la préface de Mgr Joseph Doré (p.III), qui prétend le « mouvement essénien certes bien attesté par ailleurs » – ce qui est assez paradoxal pour un mythe. En fait, le présupposé le plus tenace et le plus grave concerne l’insignifiance supposée des communautés judéo-chrétiennes : le “mythe essénien” contribue en effet à rejeter celles-ci en marge de l’histoire, puisque Flavius Josèphe n’en parlerait pas (ce qui est inexact) alors qu’il parlerait des « esséniens » (on va en parler plus loin), et surtout parce que la littérature messianico-guerrière dite de la mer Morte apparaît alors complètement étrangère à ces communautés chrétiennes des origines.

De ces a priori, André Paul ne sort pas quand il évoque les “cellules individuelles” découvertes non loin de la côte ouest de la mer Morte. Dix-sept sites de ces cellules plus ou moins groupées – chacune d’elles étant dotée d’une entrée propre – sont aujourd’hui connus dans cette région ; ils seraient à dater de la période romaine et étrangers au christianisme. Mais combien y en a-t-il d’autres, en particulier un peu plus à l’ouest ? Les Pères de l’Eglise parlent de nombreux ermites qui étaient solidairement établis dans les monts de Juda. Et même si certains de ces textes évoquent là des moines grecs c’est-à-dire d’une période plus tardive, il paraît évident que ces derniers n’ont pas inventé ce mode de vie et qu’ils prennent la suite de ce qui se faisait déjà dans le cadre de la communauté judéo-chrétienne basée à Jérusalem (jusqu’en 66, puis de nouveau après 70). Il se pourrait d’ailleurs que le témoignage de Pline (qui a inventé le nom amusant d’esseni – devenu esséniens en français) fasse allusion à eux, lui qui est mort en 79 à Pompéi où l’archéologie a mis en lumière la présence d’une importante communauté chrétienne (ainsi qu’à Herculanum).

Un autre a priori vivace concerne l’enfouissement des manuscrits dans les grottes de la mer Morte (ou en certains autres endroits) : tout se serait fait en une fois, et en 68. Qu’en sait-on ? La diversité doctrinale et littéraire qui est exprimée dans ces textes (nonobstant l’expression d’un courant dominant) ne s’accorde ni avec une limitation arbitraire dans le temps (l’an 68), ni avec une exclusivité pré-chrétienne tout aussi arbitraire : certains textes en hébreu de la grotte 4 présentent une rédaction finale nécessairement post-chrétienne, et dans la grotte 7 où il semble qu’il n’y ait eu que des fragments en grec, la présence qu’un fragment de ce qui correspond à l’évangile de Marc est difficilement niable – en tous cas pas par les spécialistes qui connaissent bien les manières d’écrire au 1er siècle. Mais les a priori idéologiques ont la vie dure : malgré le nombre et la valeur des documents archéologiques attestant la présence des chrétiens à Herculanum et Pompéi, le fait est fréquemment nié. Quitte à passer les documents sous silence.

Il convient de redire ici un mot concernant les invraisemblables passages du texte grec de Josèphe concernant des « esséniens » (connus selon une copie du 9e siècle !). Toute étude sérieuse révèle leur nature d’interpolation, quoiqu’ancienne : pour la plupart, ces ajouts fut composés au 3e siècle en milieu impérial romain, dans une perspective ironique très anti-juive (et accessoirement anti-chrétienne). Car les récits de Josèphe étaient devenus un enjeu politico-religieux dès l’Antiquité (ils le seront à nouveau à partir du 16e siècle). Et même si l’on n’a pas étudié sérieusement ces récits (spécialement en leurs variantes ou citations qui omettent les passages les plus importants relatifs aux supposés « esséniens »), comment croire un seul instant qu’une porte de Jérusalem portait ce nom et qu’un quartier leur était réservé ? On le saurait par de nombreuses autres sources. André Paul semble le croire encore, tout en disant que les « esséniens » pourraient n’être qu’un “mythe” (p.77). Il y a une cerise sur le gâteau : Jésus serait également “chose historique, mystique et mythique à la fois” (p.85). Il est peut-être permis de voir en tout cela les variations de l’itinéraire personnel d’un ex-prêtre, savant par ailleurs.

C’est sans doute ainsi qu’il convient d’apprécier la perspective finale de l’ouvrage. En fin de compte, les « Esséniens » auraient eu surtout une fonction de “faire-valoir”, selon un schéma “éthique chez Philon, politique chez Josèphe” (p.159) ; la réalité historique, ce serait les thérapeutes de Philon, “gnostiques sans le nom”. Bref, on sort d’un mythe – les « esséniens » – pour entrer dans un entonnoir : la littérature des grottes serait due à une secte de type gnostique. La forêt reste cachée, même si c’est par un arbre réel et non plus par une tenture sur laquelle on avait dessiné l’arbre. Et encore : dans la réalité, il n’y a de gnostique que parmi ce qui est post-chrétien. En jouant sur le sens du mot « gnose » (équivalent à partir du 4e siècle au sens de « gnosticisme »), l’auteur qualifie certains manuscrits de “gnose judaïque antérieure au christianisme” (p.145), alors que leur contenu est simplement proche du livre des Proverbes ou du Siracide. Et alors que les traits gnostiques caractéristiques en sont absents. Il s’agit là d’une mystification : le passé ne peut pas être qualifié en fonction du futur qu’on veut en déduire sur la base de ressemblances mineures : l’insistance sur la connaissance ou l’attente de la lumière ne suffisent jamais à faire le gnostique même si elles peuvent y disposer… beaucoup plus tard.

Du reste, l’auteur ne cache pas sa compassion pour les dérives gnostiques du christianisme apostolique, qui auraient été victimes selon lui d’une “censure fatale” de la part des Pères de l’Eglise, “une inquisition avant l’heure”, qui voulait réguler “les sources inspiratrices de l’art” (p.131) – on voit mal comment tous ces méchants Pères de l’Eglise auraient pu réaliser ce tour de force, eux qui avaient déjà bien de la peine à promouvoir la simple fidélité à la foi des apôtres. Il ne faut pas chercher ici de vérité historique, mais plutôt les a priori « dogmatiques » que l’auteur lui-même prétend faire « éclater ». Le cordonnier est souvent parmi les mal chaussés.

Il reste du chemin à faire : découvrir la diversité – encore largement sous-estimée – des formes religieuses hébraïques et de leurs associations, et découvrir surtout la forme post-chrétienne sectaire qui a initié un cocktail politico-religieux messianiste et explosif.
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Narsaï de Nisibe mentionnait-il les Qoréchites ?  

      À la page 272 du tome II (Le messie et...), est donnée cette citation : “Vers 485, écrit Alphonse Mingana, Narsaï, un écrivain syrien bien connu, fondateur de l’Académie de Nisibe, mentionne les terribles raids que les ancêtres de Muhammad faisaient dans la région de Beith ‘Aramayé, à l’ouest de l’Assyrie : Le raid des fils d’Hagar fut plus cruel même que la famine... Déplorons la tendance infecte des fils d’Hagar et en particulier de la tribu de Qurayš qui sont comme des animaux.

     En bas de page, la note 1298 indiquait seulement la référence au livre d’Alphonse Mingana, mais elle doit être complétée comme suit, à cause de quelques remarques sommaires qui ont été faites contre cette lecture : comme les Qoréchites doivent avoir vécu à La Mecque selon la légende islamique, on imagine que la lecture qršy’ est erronée, et Mingana lui-même avait été influencé en ce sens. Mais il s’est rendu compte de son erreur.

     Voici cette note 1298 allongée :

     Mingana Alphonse, Leaves from three Ancient Kur’âns possibly pre-‘othmânic, Cambridge University Press, 1914, p.xiii. En 1905, dans son livre Narsaï doctoris Syri homiliae et carmina primo edita (vol. I, p.115-116 et 117, édité à Mossoul), Mingana avait d’abord évoqué des “Qadishaye”, mais il s’agissait d’une fausse lecture, explique-t-il en bas de la page XIII, note 1: “comme le manuscrit l’exige”, il faut lire qršy’ et non qdšy’ (la différence tient à la situation du point par rapport à la lettre). Au reste, aurait-il existé une tribu de brigands mal nommée « les saints », qui “disparaissent à la fin du 6e siècle mais [dont] le nom a pu survivre dans le village de Beth Qadšayé dans le Margha”, indique hypothétiquement Michael G. Morony (Iraq after the Muslim conquest, Princeton University Press, 1984, p.270) ? Contrairement à ce qui a été écrit parfois, Nöldeke ne parle pas non plus de Qadišayé (mais il évoque les Khuwaydiyé et les Ortayé).

     Narsaï mentionnait bien les Qoréchites comme basés en Mésopotamie au cours du 6e siècle.  
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À propos de l’annonce par Muhammad de la
Venue imminente du Messie-Jésus

 

Je suis un lecteur (devenu) enthousiaste, et je viens de "découvrir" le hadith suivant : 

Abou Hourayra selon lequel le Prophète a dit : « Par Celui qui tient mon âme en sa main, la descente de Jésus fils de Marie est imminente ; il sera pour vous un arbitre juste, il cassera la croix et tuera les porcs. Il mettra fin à la guerre et il prodiguera des biens tels que personne n'en voudra plus. En ce moment, une seule prosternation sera meilleure que le monde et son contenu ». Puis Abu Hurayra dit : « Lisez, si vous voulez les propos d'Allah : "Il n' y aura personne, parmi les gens du Livre, qui n' aura pas foi en lui avant sa mort. Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux" » (Coran 4,159) (Bukhari et Muslim).

Ce hadith colle parfaitement avec votre théorie à savoir que les judéonazaréens auraient convaincu les arabes d'une descente de Jésus imminente pour massacrer les non-croyants et faire venir un paradis luxuriant. Mais si ce hadith est correct – ce qui est vraisemblable car quel intérêt y aurait-il à conserver un hadith décrivant une fausse prophétie de Muhammad ? – cela peut signifier que d'autres hadiths sont également corrects ?
Cordialement, M.N.

Cher ami lecteur,

Vous avez raison. Certes, plutôt que d’essayer de passer les immenses recueils de hadith-s au peigne fin, je me suis appuyé sur les islamologues sérieux qui l’ont fait. Tous les hadith-s ne sont pas « faux », sans doute, mais comment trier les 1% ou 1‰ de valable parmi les milliers d’autres ? Et en l’un d’eux qui semble basé sur un souvenir authentique, comment faire le tri entre le souvenir historique et sa transmission déformée ? L’étude Le messie et son prophète en offre quelques exemples simples et éclairants, mais le travail qui reste à faire est colossal et porte sur des hadith-s généralement plus complexes. Il devra être fait par d’autres dans l’avenir, et notamment sur ce site.

Dans l’exemple que vous citez, on peut déceler assez facilement ce qui a été ajouté (en vert clair) à la tradition authentique, qui forme seulement la première moitié du hadith. C’était vraiment la pensée des judéonazaréens que d’imaginer Jésus revenant à Jérusalem et détruisant les croix (quant au fait de tuer les porcs, cela paraît aussi absurde qu’inutile ; il s’ait là aussi d’une addition postérieure). L’important est la phrase prêtée à Muhammad :

« La descente de Jésus fils de Marie est imminente ».

C’est exactement ce que dit l’unique témoignage contemporain, une lettre envoyée par un juif rabbinique à son frère, et conservée dans la Doctrina Jacobi :

« il proclamait la venue du Messie qui allait venir ».  

C’est à cause et en vue de cette attente que le vin et toute boisson fermentée ou provenant du raisin était interdite par les judéonazaréens : ils appliquaient la consigne de la Bible relatif à ceux qui font un vœu à Dieu (c’est-à-dire qui se consacrent à Lui pour un temps, les nazirs :

Parle aux fils d’Israël et dis-leur : Lorsqu’un homme ou une femme s’engage par vœu de naziréat à se consacrer à YHWH, ce nazir s’abstiendra de vin (yayin et de boissons alcoolisées (shékâr) : …; il ne boira aucun jus (mišerâh) du raisin et ne mangera ni raisins frais ni raisins secs” (Livre des Nombres 6,1-3).

Ceci explique un mot incompréhensible du Coran. En en s. 2,219, on trouve l’abstention bien connue du vin, selon une formule double énigmatique : “le vin [al-hamr] et le maysir”. La suite du verset précise : “dans les deux, il y a grand péché et quelque avantages pour les gens mais pour les deux le péché est plus grand que l’utilité”. Ils sont donc mis en parallèle. On peut comprendre pourquoi le vin et tout jus de fruit peut-être utile dans des régions où l’eau est rare et souvent polluée ; c’est malgré leur intérêt que le verset veut interdire le vin et parallèlement le maysir, mais que peut vouloir dire ce terme ?

Puisque, pour les commentateurs islamiques (et trop souvent pour les occidentaux aussi), il est a priori impensable d’aller voir dans la Bible, on a imaginé de toute pièce une explication : le maysir serait un jeu de hasard, et joué de la main gauche ! Cette magnifique précision relève d’une pure imagination qui ne vise qu’à pallier l’absence totale de fondement, non sans une incohérence avec la suite du verset lui-même : en quoi les jeux de hasard seraient-ils utiles ?

L’explication saute aux yeux dès qu’on ouvre la Bible – que l’auteur divin ou non du Coran paraît toujours bien connaître. Le mot de maysir [racine : msr ] est simplement l’arabisation du terme mišerah [même racine msr], qui n’apparaît certes qu’une fois dans la Bible, mais à un endroit capital : là où on parle de ceux qui se vouent à la « cause » de Dieu. C’est également à des « voués à Dieu », que s’adresse la sourate Al-baqarah pour interdire (à “ceux qui ont émigré” – s.2,218) :

le vin et tout jus [de la vigne]” (s.2,219).

On peut avoir une idée plus précise du cadre idéologique dans lequel s’inscrivait alors une telle abstention (provisoire) du vin et de tout produit de la vigne, si on la replace non seulement dans la symbolique biblique où le vin est l’expression de le joie de l’accomplissement, mais surtout dans le contexte du projet « nazaréen » ; les écrivains chrétiens anciens témoignent de l’interprétation que celui-ci donnait de ces paroles de Jésus :

Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père” (Mt 26,29).

Selon ces « nazaréens », il fallait réserver les réjouissances au jour du retour matériel du Messie-Jésus ; ils interdisaient donc l’usage du vin et de ce qui s’en rapproche. Or, des sources fiables et contemporaines à Muhammad (elles sont extrêmement rares) nous permettent de savoir que celui-ci annonçait la « redescente » du Messie-Jésus ; et on peut les dater de peu avant 626.

Ceci correspond aux données de l’histoire. À ce moment-là, à cause des opportunités qui s’offraient grâce à l’affaiblissement des deux empires concurrents (Rome et la Perse), les groupes repliés à Médine pouvaient effectivement penser que la prise de Jérusalem était à leur portée, ce qui constituait, avec la restauration de la « Maison » (al-Bayt – le Temple destiné au culte), la condition même du « retour » du Messie-Jésus. En d’autres mots, un « croyant » pouvait en même temps escompter l’événement dans les quatre ans à venir, l’annoncer et… le provoquer par le fait même de son annonce et d’une expédition militaire destinée à le faire advenir. C’est ce que fit Muhammad. L’action militaire tentée en 629, appuyée sur lui et ses Arabes, poursuivait ce but – il n’existe aucune autre explication qui rende compte de ces diverses données ainsi que d’autres encore (par exemple le début de la sourate 30 Ar-Rûm). On sait que ce fut un échec, les Byzantins défaisant la petite armée nazaréo-arabe et obligeant les survivants à regagner Médine. Muhammad y mourut trois ans plus tard.

Très cordialement, EMG
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La recension du PISAÏ
parue dans Islamochristiana [le bulletin du Pisai], n° 26, 2006 (parution 2007), Rome, p.324-326  

Le « Pisaï » est l’Institut Pontifical (« d’études arabes et islamiques ») où, à Rome, sont formés des islamologues, en particulier des membres du clergé catholique. L’héritage de Louis Massignon y est prédominant (d’où l’importance de la langue française, d’ailleurs employée pour la recension).
Cette recension évoque des « impressions » et donne surtout une idée des postulats qui les soutiennent …

 Gallez Edouard-Marie, Le messie et son prophète. Aux origines de l’Islam. Tome 1 : De Qumrân à Muhammad, 524 pp.; tome II: Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire, 582 pp., Collection Studia arabica n° 1, Editions de Paris, Paris 2005.

Cet ouvrage monumental, qui inaugure la collection Studia Arabica dirigée par Marie-Thérèse Urvoy, est la thèse de doctorat de l’auteur en théologie /histoire des religions, soutenue à l’université de Strasbourg en 2004.

L’ouvrage se divise en trois parties : 1. Le dossier « essénien », une forêt que cache un arbre ; 2. Origine et élaboration de la religion judéonazaréenne (dans le tome I) ; 3. Histoire et légendologie : Muhammad et les débuts de « l’islam » (tome II). Les trois parties, à leur tour, sont subdivisées en une myriade de chapitres très détaillés, qui facilitent, mais parfois aussi compliquent, la lecture de l’ensemble. A la fin de la troisième partie, dans le tome II, on trouve quelques annexes (de valeur inégale), qui précisent et expliquent sous des angles divers les thèses de l’auteur. Elles traitent de l’archéologie judéonazaréenne (annexe A), du déplacement du centre de l’islam (Site mecquois et « nouvelle Jérusalem » islamique, annexe B), de la signification du terme khalîfa (Lieutenant de Dieu ou successeur [du Prophète] de Dieu ?, annexe C) de l’interprétation exégétique différente de quelques passages du Coran (Cinq courtes études coraniques, annexe D), de la nouvelle signification de ternies géographiques (Médine serait la Modîn des Maccabéens) (Mdyn, un nom biblique attribué à Yathrib, annexe E), et enfin de la signification nouvelle et plus précise des termes de nabî et rasul, selon la théologie judéonazaréenne (annexe F). A la fin du tome II, on trouve une bibliographie des ouvrages cités (surtout en français) et une série d’index : des auteurs et ouvrages antiques ou patristiques, des noms de personnes, des notions non repérables par la seule table des matières, des versets ou groupes de versets coraniques cités.

Que dire au terme de la lecture de cette œuvre vraiment gigantesque ? La première réaction est un sentiment d’étonnement. Les personnes et les situations, abordées sous un angle nouveau, acquièrent un sens tout à fait différent. C’est ce qui constitue la valeur et peut-être aussi la faiblesse du livre. L’auteur en est conscient : il s’agit d’accepter ou de récuser globalement une lecture alternative de l’ensemble des données.

La naissance de l’islam (le « proto-islam ») se situe, selon Gallez, au terme d’un très long processus, qui plonge ses racines dans les mouvements messianiques et apocalyptiques des derniers siècles du judaïsme et passe ensuite à travers un mouvement du protéiforme judéo-christianisme (que Gallez appelle ici mouvement des « Judéo-nazaréens »). L’interprétation « officielle » de l’islam naît au contraire de l’idéologie califale du VIIIe siècle, laquelle aurait opéré une série de transpositions de sens (historiques, géographiques, théologiques), et par suite troublé les eaux, aveuglant la grande majorité des interprètes du passé comme du présent. Mais un tel aveuglement concernerait aussi les mouvements du judaïsme (l’attention se concentrant sur les Esséniens et sur Qumrân, aux dépens du grand courant messianique et apocalyptique) et du christianisme, en particulier à travers le mouvement des « nazaréens » judéo-chrétiens.

Vu la complexité de l’œuvre, je me contenterai d’une appréciation globale.

Quoique très minoritaire, la thèse de fond de Gallez n’est pas neuve. La seule vraie différence réside dans le choix de la filière des facteurs juifs et hébreux qui devaient conduire à la naissance de l’islam. Il est probable qu’on verra un jour apparaître d’autres « hypothèses » de reconstruction des faits. Ce serait logique, vu le peu de données historiques ou archéologiques dont on dispose sur l’Arabie du VIIe siècle. Ainsi de telles études ont l’avantage de faire entrevoir la complexité des problèmes, sans s’arrêter à une répétition stérile de la tradition officielle. Par ailleurs, certaines difficultés sont déjà bien connues, telles que l’interprétation du rôle des isrâ‘îliyyât tant dans le Coran que dans la Sunna, les tentatives pour accréditer l’islam comme une religion issue presque « directement » de l’Arabie païenne, l’interprétation de quelques versets coraniques qui semblent se référer à des moments différents de ceux que propose l’orthodoxie musulmane, la « circularité » qui caractérise le rapport Coran-sunna-sîra, la trop grande hâte à liquider la formation du Livre Saint de l’islam, etc...

Mais là n’est pas ce qui caractérise vraiment l’œuvre de Gallez. Il travaille en fait sur deux plans : prospectif et rétrospectif, à partir de la naissance des mouvements comme de leur transformation déjà arrivée et consolidée. C’est précisément là que se situe le risque qu’il court : reproduire dans sa propre thèse ce qu’il dénonce dans l’historiographie officielle musulmane et chez ses adeptes. C’est peut-être la raison pour laquelle Gallez, dans sa lecture globale et alternative, cite très peu les sources musulmanes et met en garde ceux qui s’y attachent car ils risquent d’en devenir la proie. On a comme l’impression que tout « fonctionne trop bien », s’explique « trop bien », même là où, dans le marécage des mouvements judéo-chrétiens, on navigue avec difficulté. Même les citations et les « preuves » apportées par l’auteur sont souvent « interprétées ».

La même situation d’incertitude, du point de vue historique, culturel et religieux, est encore plus vraie pour la dernière période du judaïsme avant le Christ, la naissance du christianisme et la structuration de l’hébraïsme rabbinique. La proposition de relecture des sources a quelque chose de fascinant et elle contient certains éléments de vérité qui restent cependant à approfondir. Il est également vrai, comme le souligne Gallez, que l’hyper-spécialisation porte à négliger certains éléments de rapprochement, que seule une lecture globale peut discerner. Mais l’immense littérature de cette période ne saurait être liquidée en en « choisissant » seulement une partie.

En bref, l’impression générale qui émerge de la lecture de cette œuvre est celle d’un complot, enfin révélé, des majorités victorieuses contre les minorités opprimées et fuyardes. Les lecteurs peu attentifs risuent de se laisser prendre au piège et d’accréditer ce complot.

Selon moi, les mérites du livre de Gallez se situent sur deux axes au demeurant complémentaires : tout d’abord, l’invitation à reprendre en main les sources historiques, ensuite l’entreprise, partiellement réussie, des relier les trois religions à travers l’élément commun du judaïsme.

Enfin, reconnaissons en toute humilité que l’histoire (et en particulier celle des origines des religions) est toujours un peu plus complexe et fuyante que les belles reconstructions que l’on essaie d’en faire.

Valentino Cottini

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COMMENTAIRES  

L’auteur de la recension est le nouveau directeur de la revue Islamochristiana (depuis 2007) ; il est aussi professeur d’exégèse (biblique).

Deux mots-clefs résument son texte : un supposé “marécage [des mouvements judéo-chrétiens]”, et un supposé “complot” – que l’auteur se garde bien de préciser : qui donc complote contre qui ? En fait, cette recension ne permet aucunement au lecteur de se faire une idée du contenu de la thèse : elle se borne à énoncer des jugements sans les étayer. Il s’agit même d’accusation quand on emploie le mot “interpréter” (d’une manière péjorative, entre guillemets) : l’auteur ne sait-il pas que tout historien interprète et que les certitudes historiques ressortent de la convergence des données disponibles selon une certaine lecture ? Mais peut-être veut-il s’obliger à accorder foi a priori aux tardives traditions islamiques et à la lecture que les commentateurs islamiques en font aujourd’hui, qui, elle ne repose sur aucune donnée ancienne ?

Cette recension manque d’éléments concrets, et contrairement à ce qui y est dit, l’étude présente bien davantage de références aux traditions musulmanes que la grande majorité des travaux de recherches actuels.

C’est l’objection de fond qui est inquiétante. L’auteur réagit en fonction du dogme exégétique dominant selon lequel la foi chrétienne est une fabrication tardive (d’où son expression : “marécage [des mouvements judéo-chrétiens]”). Selon lui, le Jésus de l’histoire apparaît comme fondamentalement inconnaissable. En d’autres mots, le judéo-christianisme n’aurait pas existé en soi ; dès l’origine il serait “protéiforme”, écrit-il. Dès lors, il serait impossible de relier le phénomène islamique à une dérive du christianisme des origines, puisque celui-ci n’aurait pas existé.

Un des objets de l’étude Le Messie et son prophète fut justement de sortir de ces confusions, et d’ailleurs certains travaux de la nouvelle exégèse y aident beaucoup, mais l’auteur ne semble pas les connaître. Il n’existe pas des mouvements judéo-chrétiens mais il y a un judéo-christianisme, celui des apôtres (le seul qui mérite ce nom) ; et d’autre part, on a des mouvements dérivés qui sont radicalement anti-judéo-chrétiens.

Personne ne devrait amalgamer le modèle et ses contrefaçons. En effet, en l’espace d’une génération, la révélation judéo-chrétienne a été l’objet de deux dérives (en sens divergents l’une par rapport à l’autre) ; toutes deux dérives sont des réinterprétations totalement subverties de la révélation biblique, mais celle qui nous occupe a suivi une direction politico-mystico-guerrière, et s’est donné le nom de « nazaréenne ». Par la suite, sous des formes variées, ce messianisme post-chrétien réussit à tenter chaque génération de chrétiens, ou de juifs, ou d’autres encore. Pourtant, il s’agit toujours d’une négation fondamentale de la foi biblique, qui induit des positions à la fois anti-juives et anti-chrétiennes. Et qui séduit.

C’est ce qui s’était passé déjà au long des six siècles avant l’islam ; le Tome I en rend compte au moins en partie, et des études futures pourront préciser le rayonnement multiforme qu’a connut l’idéologie politico-religieuse originellement “messianiste” (notamment à travers l’arianisme). Beaucoup d’auteurs emploient d’ailleurs cette qualification de “messianistes” pour désigner divers mouvements en des époques différentes, et cela se justifie ; il convient cependant de relier à leur origine les traits communs aux formes si diverses du “messianisme”, sous peine de rester dans le flou. L’étude s’est donc concentrée sur les débuts, puis sur la forme très particulière de messianisme qui a pris corps militairement et politiquement au VIIe siècle grâce aux Arabes enrôlés par les descendants du groupe messianiste originel (ce n’est donc pas une idéologie de seconde ou troisième main qui a commencé à endoctriner des Arabes à la fin du VIe siècle, puis Muhammad lui-même à la génération suivante). Il faut donc considérer ceci :

• Avant d’accuser une étude de « choix » (partial), il faudrait prouver en quoi ces choix affecteraient la valeur des analyses ou des conclusions – on ne peut jamais parler de tout.

• La recension évoque le “peu de données historiques ou archéologiques dont on dispose sur l’Arabie du VIIème siècle”. Certes. Mais elle omet de dire que si l’on en possède si peu et beaucoup moins même que pour les sièces antérieurs (!), c’est du fait des destructions systématiques qui ont été opérées au temps des Califes de Damas, et après encore (et même aujourd’hui !). Et ces destructions concernent même les textes coraniques anciens. Qu’y avait-il donc à cacher ?

• De cette constatation du peu de données, la recension conclut : “on verra un jour apparaître d’autres « hypothèses » de reconstruction des faits”. L’auteur est étrangement doué pour prédire l’avenir. Rationnellement, c’est le contraire qui est prévisible : dans le passé, entre ±1910 et ±1975, de nombreuses “reconstructions des faits” ont été tentées en fonction des différentes sciences humaines et aussi en fonction d’élucubrations mystiques. Toutes ont abouti à des impasses. La seule qui n’avait pas été élaborée et en était restée au stade d’approches diverses était celle de l’enracinement des origines islamiques dans un mouvement dérivé du judéo-christianisme. Dont acte.

La science historique repose sur des probabilités qui vont de la simple possibilité aux certitudes. Toutes les questions possibles relatives aux méprises ayant conduit à l’invention des “moines esséniens” ne sont pas abordées (Tome I). La question de l’enfouissement des jarres à manuscrits de la mer Morte, par exemple, reste bien ouverte (au reste, n’y en a-t-il eu qu’un ?). Le fait est à souligner que, depuis la parution, des études sont venues confirmer et compléter les données avancées ! En particulier, on notera le revirement du spécialiste de Qumrân qu’est André Paul, revirement exprimé en ces termes très diplomatiques :

 “À l’école des archéologues et face à l’étonnante diversité d’idées ou de doctrines judaïques qu’attestent les rouleaux découverts, n’est-on pas tenté de faire éclater la thèse essénienne ? Dans un avenir plus ou moins proche, l’échange méthodique et productif entre chercheurs sur le terrain et spécialistes des textes pourrait conduire anciens et jeunes savants à se libérer de la fascination essénienne. Dans cette attente, qu’on laisse évoluer et même se transformer la thèse elle-même, au risque de la voir un jour devenir caduque” (Qumrân, le point historique, in La Nef, n° 183, juin 2007, fin de l’article).

Il n’y a pas si longtemps, il écrivait encore que Jésus était allé se former chez les Esséniens [1]. Serait-ce dans ce “marécage”-là que “nage” l’auteur qui parle “d’histoire fuyante” ?

Venons-en à l’accusation de “complot”. Diable ! Quel complot ? L’auteur a “l’impression que tout « fonctionne trop bien »”. Quel est le “trop” qui le gêne ? Serait-ce l’existence – qui ressort de l’étude – du christianisme des origines ? L’étude exposerait un “complot” fomenté par des “majorités victorieuses contre les minorités opprimées et fuyardes”. Voilà qui est bien vague et mystérieux, autant que les romans de Dan Brown qui, comme lui, balaye d’un revers de la main, à peu près tous les travaux des historiens sérieux.

Que les Arabes ayant pris le pouvoir sur le Proche-Orient aient fait disparaître les messianistes « nazaréens », ou en tout cas les plus représentatifs d’entre eux, puis aient occulté leur souvenir autant que possible, cela ne fait pas un “complot” ; il s’agit de l’élimination d’alliés (et initiateurs) devenus très encombrants et compromettants pour l’avenir. Voilà qui est, hélas, courant dans l’histoire, y compris les phénomènes d’occultation systématique voulus par le pouvoir. Qui aujourd’hui parle encore des camps de concentration soviétiques, dont ceux des Nazis ont été simplement des copies ? D’où vient l’impunité qui a été décidée à l’égard de ces crimes que tout pousse à taire ? Et que penseront les historens du XXIIIe siècle devant l’absence ou au moins la grande difficulté d’avoir des informations à ce sujet ? L’ironie sceptique de l’auteur quant à l’existence d’historiographies “aveuglant la grande majorité des interprètes du passé comme du présent” tombe mal ; n’a-t-il jamais remarqué que notre historiographie elle-même est parsemée de ces “aveuglements” sur commande, et que celles du passé n’en sont pas exemptes, particulièrement quand il s’agit d’historiographies islamiques ?

Notons que les historiographes musulmans sont souvent loin d’être dupes. Antoine Moussali avait commencé à montrer comment le grand commentateur Tabarî (chrétien passé à l’islam et devenu la référence historique des musulmans) a glissé des messages de dérision dans les chaînes de transmetteurs (ou isnad-s) qu’il a fabriquées – discrètement, bien sûr : il savait qu’il risquait sa peau. Les “interprètes” d’aujourd’hui ne sont plus directement menacés de mort, ou rarement (c’est le cas dans plusieurs pays), mais ils sont apparemment beaucoup plus dupes. L’argument qu’ils invoquent : “Une majorité pense que…”, est précisément celui des dupes – ou alors de ceux qui ont accepté de se détourner de toute vraie recherche. Dans le monde d’aujourd’hui, les subsides prennent une importance considérable.

En fait, le nœud de la difficulté est théologique : comprendre ce qu’est une idéologie de salut, soit dans sa forme originelle messianiste (nazaréenne), soit dans ses formes successives jusqu’aux totalitarismes modernes et actuels. L’exégèse dominante actuelle, dont Benoît XVI a souligné les lacunes et les postulats dans son livre Jésus de Nazareth, ne permet pas cette appréhension (l’auteur de la recension est justement l’un de ces exégètes). Ce qui ressort, c’est qu’une nouvelle exégèse est nécessaire – elle a heureusement commencé [2]. Ce qui ressort également, c’est que, dans certains milieux, toute approche des événements autre que celle “que propose l’orthodoxie musulmane” est rejetée. Les postulats de l’exégèse dominante ne sont pas étrangers à un tel rejet : si toute croyance est basée sur un récit historiquement invérifiable, la seule attitude sensée paraît être de laisser à chacun son propre « récit ». Tous ne sont-ils pas logiques, en particulier celui de l’islam, où même les invraisemblances les plus énormes s’intègrent parfaitement dans une implacable logique formelle ?

C’est ainsi toute interprétation autre que celle de la dictée du Coran par l’ange Gabriel à l’oreille de Muhammad est perçue comme intolérable. À côté d’un tel postulat, un travail minutieux ne pèse pas lourd, quel que soit par exemple le nombre de versets coraniques mentionnés et renvoyant manifestement à une réalité historique (l’étude en mentionne près de cinq cents dont beaucoup sont analysés de manière fouillée). Envisager un scénario rationnel, cohérent et inséré dans l’histoire humaine serait un “piège”.

Au prix de cette irrationalité, les « militants du dialogue » promettent des lendemains qui chantent. Qu’il soit permis de penser que, sur d’autres bases, le dialogue serait nettement mieux fondé et plus fécond, en particulier sur un regard de jugement relatif à notre monde (c’est-à-dire sur un regard « eschatologique », s’il faut employer ce terme barbare et très ambigu). Ce qui ne ferait que renvoyer à des questions très anciennes. Justement à celles que l’étude a essayé de mettre en lumière.
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 Chronologie et raison d’être de l’Hégire  

Du Gabon, le 19 octobre 2007

Après avoir lu avec intérêt le premier volume « Le Messie et son prophète », je me permets de vous écrire afin d’éclaircir un point particulier. En voici le contexte.

Chosroès II roi des Perses est maître de Jérusalem en 614. Dans sa campagne, il a été aidé par des contingents juifs rabbiniques et judéo-nazaréens, et aussi par des contingents arabes éventuellement liés à ces derniers. Mais en 620 me semble-t-il, Héraclius, empereur byzantin, reprend l’offensive. Chosroès fait alors arrêter la persécution chrétienne mise en mouvement par les juifs qui étaient maîtres de la Judée. Finalement en 627, les Perses sont chassés.

Or, 622 correspond à l’Hégire, à l’émigration de Muhammad à Yathrib, oasis renommé Médine plus tard. Cet exil-exode fut bientôt vécu comme un temps d’attente avant la reconquête de la terre (Jérusalem et la Palestine) dont tout le groupe judéo-arabe se sent propriétaire de par droit divin. En 629, la tentative de Muhammad échoue, mais finalement Jérusalem tombe en 637/638 dans les mains arabo-judéo-nazaréennes.

Selon les biographies islamiques (très tardives) de Muhammad, l’Hégire-fuite serait le fait honteux en soi d’avoir été chassé de la Mecque. Or dès 643, on considère l’An 1 de l’ère nouvelle du salut comme étant l’an 622. Que veut dire alors ce que vous écrivez : « Le calendrier musulman ne peut pas avoir été fondé sur une défaite »? Le départ des judéo-nazaréens et des arabes qui leur sont liés en 622 devant Héraclius est aussi en soi quelque chose de pas très glorieux ! Pourquoi alors l’année 622 est-elle devenue l’année 1 des proto-musulmans ?

En espérant recevoir un éclaircissement de votre part, très cordialement, VIP __________________________

La difficulté chronologique que vous pointez n’en est pas une, et cela pour deux raisons :

1.      En 614, les judéo-nazaréens sont refoulés de Jérusalem par les juifs rabbiniques qui y furent installés en maîtres par les Perses. Mais en 620, ces derniers (qui comptent des généraux chrétiens) expulsent à leur tour les rabbiniques de Judée et administrent  Jérusalem eux-mêmes jusqu’à la reprise de la ville par les Romains (« Byzantins ») en 627.
2.      En 622, Héraclius est encore bien au nord de la Syrie. Il n’arrivera pas cette année-là. Mais tout le monde sait que ce sera pour l’été suivant. Les campagnes militaires sont alors très courtes (ce qui va changer avec l’Islam).

Ce n’est pas directement Héraclius qui chasse de Syrie ceux qui avaient pris part à l’expédition de 614, mais plutôt ceux des Qoréchistes et des judéo-nazaréens qui n’y avaient pas pris part. Ils ne veulent pas avoir d’histoire quand l’armée d’Héraclius viendra, et qu’il faudra rendre des comptes !

Certes, cela n’est pas glorieux, mais ce n’est pas là-dessus que se fonde l’année « 1 »: sur la conscience qui surgit tout à coup d’être le nouveau peuple mis choisi par Dieu. Nul des Emigrés (nom que portèrent longtemps les musulmans) n’était joyeux de se voir chassé, mais n’était-ce pas Dieu Lui-même qui voulait ainsi mettre à l’écart dans le désert ceux qu’Il avait choisis pour la mission de sauver le monde ? Telle est l’idéologie du NOUVEL EXODE.

Même si l’un suit l’autre, le Proto-Islam n’est pas l’Islam que les Califes de Damas ont façonné autour d’un unique principe : la soumission – islâm (dans le Coran, le mot désigne simplement une attitude spirituelle devant Dieu et non un projet politique – cf. L’origine du mot « islâm »). De là vient le nom retenu alors pour le mouvement, qui n’est plus axé sur la venue du Messie-Jésus (attendue comme un retour matériel de chef des armées), mais sur un projet de domination sociale et politique totalitaire.
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« Fitna »: un faux débat (ex-éditorial) 

Des millions de gens ont vu le court-métrage du député néerlandais Geert Wilders intitulé « Fitna » (séduction en arabe, au sens très péjoratif de détournement du croyant par rapport au chemin voulu par Dieu, le sabîl Llah). Est-ce un chef-d’œuvre ? Tout au plus un montage comme peut en faire un bon étudiant en communication. D’aucuns ont parlé de navet. Mais alors, pourquoi un tel succès ?

En réalité, le contenu importait peu, et cela pour deux raisons. D’abord, fait  extraordinaire, ce film a eu le privilège d’être condamné alors qu’il n’existait pas encore. Puis, une fois réalisé, les plateformes que sont YouTube, Dailymotion et LiveLeak ont bloqué les tentatives de le mettre en diffusion ; seule la troisième l’a réautorisé (depuis le 4 avril 2008), non sans l’accompagner d’une mise en garde contre d’éventuelles poursuites judiciaires contre celui qui le regarderait ! Certes, on le trouve en accès direct sur d’autres sites, plus thématiques, mais la question se pose : est-on devenus fou ? Les images utilisées par Fitna proviennent des grands medias (on les trouvait déjà partiellement sur certains sites). Quant aux texte, ils sont tirés du Coran ainsi que de la presse néerlandaise. Presque du banal. Et voilà ce petit montage promu parmi les films les plus regardés, et suscitant la panique parmi le gouvernement des Pays-Bas ! Apparemment, les seules personnes sensées sont les musulmans du pays, qui n’ont pas bougé ; il faut dire que l’assassinat du cinéaste Théo van Gogh, fait en leur nom deux ans plus tôt, en avait choqué beaucoup. Il faut dire aussi que, pour la plupart, ils ne connaissent pas le contenu du Coran et en ont découvert certains passages à cette occasion.

 L’autre raison d’être étonné vient du souvenir des critiques qui avaient été orchestrées contre une phrase (sortie de son contexte par la BBC) de Benoît XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006. La citation était celle d’un Empereur byzantin qui reprochait à Mahomet d’avoir répandu sa foi par l’épée. Mais n’est-ce pas ce qu’enseignent tous les manuels scolaires en usage dans les pays arabo-musulmans ? Avec une différence : le ton n’est pas celui du reproche mais celui de la louange. Justement, imaginons un instant que, en guise de fond musical, Geert Wilders ait mis un air joyeux et entraînant à la place de la lancinante et lugubre musique de La mort d’Aze (tirée de Peer Gynt, d’Ibsen) – par exemple Trumpet Voluntary de Purcel ou un air d’Offenbach. Au lieu d’être honni par les fanatiques, son film aurait été acclamé par eux – mais il en aurait choqué d’autres.

Le problème réel n’a jamais été de savoir si l’Islam est violent, mais de savoir si c’est bien ou non. Ce qui est reproché à Benoît XVI, c’est d’avoir dit que ce n’était pas bien. Si Dieu le veut et l’a enseigné, quel homme peut-il dire que la violence est mauvaise ? Cependant, comment savons-nous ce que Dieu veut ou non ? Certains diront : c’est dans le Coran. Sans doute, et s’il fallait en retirer les versets qui prônent directement ou indirectement la confrontation violente, c’est le quart des pages qu’il faudrait enlever. Par comparaison, dans les livres du Nouveau Testament, on ne trouve rien de semblable – et les musulmans cultivés le savent bien. Pour autant, il serait faux de dire que le Coran a inventé l’idée de la violence au nom de Dieu : une tradition (anti-chrétienne) antérieure l’a enseignée dans divers écrits et l’a répandue, durant six siècles.

Comment cette manière de penser a-t-elle pu naître, se justifier et se répandre ? Tel est le problème de fond que ce site aborde.
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Histoire et « preuves » : les difficultés du rationaliste occidental  

Le mode de penser occidental rencontre une difficulté majeure en cette étude universitaire, qui n’est pas celle des « preuves » à proprement parler, mais d’une certaine vision d’ensemble. Les « preuves » n’existent jamais en histoire dès lors que les derniers témoins oculaires sont décédés. Selon une échelle de valeur, on parlera de certitudes qui s’appuient sur et découlent de la convergence des données disponibles, c’est-à-dire de la capacité d’en rendre compte. Dans le cas présent, cette convergence apparaît générale, malgré l’ampleur et la complexité des dossiers traités. D’où provient alors la difficulté éprouvée par certains ?

Cette difficulté présente divers aspects. D’abord, la question des « moines Esséniens » qui est abordée dans ces pages, ne doit pas induire en erreur : ce n’est pas l’existence de groupes religieux autonomes juifs autour du 1er de notre ère qui est en cause – bien au contraire –, mais ce qui a été dit au sujet de supposés « Esséniens » au départ de la notice de Pline. Le nom « d’esséniens » a été inventé par Pline pour désigner, non sans humour, une association hébraïque dont il avait entendu parler de loin et qu’il voulait donner en exemple dans son livre sur les curiosités du monde (un autre chapitre est consacré aux cyclopes…). Des associations cultuelles (ou pas très cultuelles) hébraïques, il y en avait une forêt dans l’Empire romain : elles permettaient à tous les Hébreux d’être reconnus comme tels par rapport à l’Etat et de s’organiser pour pouvoir vivre plus ou moins conformément aux préceptes bibliques.

Il y a cependant une difficulté : les ajouts au texte grec de Flavius Josèphe [3] ont fait des supposés « Esséniens » le troisième mouvement juif à côté des sadducéens et des pharisiens, et la littérature postérieure en a même fait des « moines » – puis, au 20e siècle, on en a fait des copistes acharnés. C’est comme un arbre qui cacherait la forêt des associations hébraïques qui, elles existaient vraiment. Ou plutôt, il s’agirait d’une vaste toile sur laquelle on a peint un arbre et qui serait tendue devant nos yeux pour leur dissimuler la forêt. Cette fiction délirante est devenue en effet un véritable obstacle à la connaissance du monde hébraïque du 1er siècle, et en particulier du courant messianiste et de ses diverses factions. Le premier défi consiste donc à enlever la toile et à rendre au courant messianiste, avec l’attention qu’on lui doit, les écrits de type politico-guerriers parmi lesquels un grand nombre des manuscrits de la mer Morte.

Une autre difficulté est l’ampleur du dossier islamologique. Il faut pas mal de temps pour s’apercevoir du fait que des analyses de données convergent, et davantage encore pour apprécier le fait de rendre compte des données même les plus (apparemment) incohérentes ou invraisemblables des traditions islamiques ou du texte coranique lui-même. Le bon millier de pages de l’étude de référence expose ces données. Or, le chercheur occidental manque toujours de « temps ». On peut procéder également de manière plus intuitive, et c’est ce que ce site essaie de faire.

La troisième difficulté est plus actuelle encore : méthodologique. Un certain présupposé habituel attend de toute analyse, qu’elle soit purement factuelle, c’est-à-dire séparée de ce qui serait une interprétation donnée aux « faits » dans un second temps. Ainsi, il y aurait d’une part les faits bruts et scientifiques, et d’autre part la subjectivité – l’analyse théologique étant rangée dans cette seconde catégorie. Ce type de présupposé rationaliste est imposé aujourd’hui à toute approche, même à la lecture de la Bible, qui est devenue un domaine où le regard de la « foi » n’est plus toléré, sinon après des approches « méthodologiques » qui expliqueraient déjà tout. Ces préjugés rationalistes sont des illusions.

En effet, les philosophes des sciences ont contribué à montrer que « faits bruts » n’existent jamais : la subjectivité du chercheur et les présupposés de sa méthode constituent déjà des interprétations qui orientent et parfois obscurcissent l’observation ou l’expérience. Néanmoins, le savoir existe. Ce qui est demandé au chercheur, ce n’est pas de réduire la réalité à des « lois » mais à en rendre compte avec des analyses faisant appel à des « lois » tout en connaissant leurs présuposés et leurs limites… c’est-à-dire avec rigueur et avec lucidité sur lui-même. Ceci est encore plus vrai en histoire où le chercheur est amené plus encore de s’impliquer sous peine de ne rien comprendre aux choses profondément humaines et toujours terriblement complexes qui forment son objet d’étude. L’objectivité à la mode kantiennne est elle-même un a priori irrationnel qui rend inefficace en matière historique (et qui tend à faire perdre tout sens humain dans les autres domaines, en enfermant le regard dans un carcan matérialiste). La rigueur scientifique doit pourchasser tout présupposé.

Il existe d’ailleurs une raison supplémentaire pour laquelle l’opposition supposée entre les « faits » et leur compréhension est illusoire : c’est que l’aspect « théologique » lui-même est devenu un facteur essentiel des événements depuis deux mille ans [4]. Les gens agissent en effet en fonction de projets, et dans ces projets, il faut compter les représentations qu’ils se font de l’avenir et aussi de Dieu. L’homme n’agit pas seulement en fonction de l’argent à gagner et à dépenser en consommation, ce à quoi on voudrait le réduire aujourd’hui. Or, il se fait que le judéo-christianisme a introduit un positionnement spirituel nouveau et des conduites nouvelles qui ont eu un impact sur la société. Plus encore : ce n’est pas seulement le judéo-christianisme qui est devenu un facteur de changement, mais certaines de ses suites, ce qui n’a encore guère été vu, ou alors seulement entrevu (par exemple par René Girard) : très tôt, dès la deuxième génération (c’est-à-dire dès avant la fin du premier siècle de notre ère), le judéo-christianisme a donné naissance – bien malgré lui – à deux courants qui se répandront eux aussi dans le monde, dans le but de lui imposer leur visée de salut. Il est possible de schématiser ce processus (qui s’est développé jusqu’à nos jours) :

              Judéo-christianisme (des Apôtres)
   dérives  
    gnoses (selon les divers « Maîtres »)     >     <  judéo-nazaréisme (messianisme)
     ramifications diverses     
 mouvements divers   « d’épanouissement » de l’individu      /        de « collectivismes »          jusqu’à nos jours
       RELATIVISMES         >         <          SOUMISSIONS

Un schéma plus détaillé est accessible ici.

Cette nouvelle manière d’aborder l’histoire fait place aux facteurs qui sont à l’œuvre depuis presque vingt siècles et qui ont fini par déterminer notre monde actuel. On a voulu les ignorer (ou faire semblant de les ignorer) parce que leur ressort  est constitué par une foi.

Un historien sérieux peut-il ne pas tenir compte du contenu de la foi ou plutôt des « fois » qui ont inspiré des actions et induit des comportements chez des millions de gens, et davantage même au fur et à mesure qu’on entre dans les temps actuels ? Que vaudrait par exemple notre compréhension du 20e siècle si elle ignorait le rôle joué par la « foi marxiste-léniniste » ? C’est sans doute la raison pour laquelle les jeunes ne savent déjà plus ce qu’était l’Union Soviétique : quel sens cela a-t-il pour eux ? Si le rôle de l’historien est d’essayer de comprendre le passé plutôt que de le réduire à des descriptions (toujours illusoires), la prise en compte des « fois » et donc des écrits qui les exposent est primordiale. Encore faut-il pouvoir le faire : l’analyse théologique est un outil indispensable dans cette recherche. Mais d’aucuns opposent ici l’attitude islamique.

Dans la vision islamique, l’analyse théologique – ou ce qui en tient lieu – est tout : tout savoir vient de Dieu, et tout est contenu dans un texte, le Coran, subitement apparu dans l’histoire (il est dit en effet que Dieu Lui-même l’a dicté par l’intermédiaire d’un ange). N’est donc vrai que ce qui s’accorde avec le Coran – ce qui n’est pas une mince affaire pour un texte non dépourvu d’apparentes obscurités. On en est même venu à dire que, si les Roumis – les Occidentaux – ont développé des sciences remarquables, c’est parce que, en grand secret, ils sont allés puiser leurs principes dans ce Livre Incréé, source de toute science. L’historien (musulman) n’a plus alors pour tâche que de montrer la supériorité de l’Islam. Au lieu d’éclairer un de ses facteurs déterminants, le point de vue théologique devient le contenu même de l’histoire. Il n’y a plus de science historique possible, elle est déjà écrite.

La seule attitude qui soit rationnelle tient entre ces deux extrêmes. Elle recherche toutes les données possibles et les analyse le plus rigoureusement possible, sans exclure l’analyse théologique (qui rend d’ailleurs le chercheur lucide sur ses propres préjugés) – et, bien entendu, sans faire de celle-ci l’unique source de connaissance : c’est la confrontation des données et des diverses analyses qui ouvre le chemin de la cohérence et ainsi des certitudes. Le travail présenté ici, certes nécessairement imparfait, trace une telle voie de recherche ouverte à toutes les données disponibles loin des dogmatismes rationalistes (dans lesquels l’hyperspécialisation pousse sans qu’on en ait conscience) et loin également des dogmatismes religieux. Cette recherche devra continuer pour préciser toujours mieux les questions désormais ouvertes.
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 (Repris d’un autre site) Islam et « cours de l’Histoire » :

[À propos de Le messie et son prophète…:] Encore une tentative de désinformation au sujet de l’islam, du Coran et du Prophète. Elle échouera comme toutes celles qui l’ont précédée et qui remontent jusqu’à l’époque de Muhammad. L’islam est une religion qui s’adresse au cœur, à l’âme et surtout à la raison… c’est tout cela qui fait le succès de l’islam… ce n’est pas cet écrit obscur et tortueux qui changera le cours de l’histoire… si le christianisme ne connaît pas l’essor de l’islam, l’islam n’en est pas responsable !!!! Alors, au lieu de passer dix ans pour fabriquer des tissus de mensonges dignes d’un Moussali falsificateur et hypocrite (j’ai eu l’occasion de connaître Moussali), cet auteur aurait mieux fait de passer au crible les incohérences et les inepties qui ont dénaturé le beau message d’amour de Jésus-Issa alaihi assalaam… Issa notre Jésus du Coran. Allah a doté l’homme d’intelligence et lui a révélé le Coran pour le sortir de l’obscurantisme vers la lumière du savoir. Vous avez le salut d’une musulmane sereine… ” (signé : Zohour).

 Réponse :

On peut souhaiter en effet que l’auteur, appelée Zohour c’est-à-dire Fleur, soit sereine, s’il s’agit bien d’une musulmane : le style, guerrier et peu subtil, trahit une psychologie masculine. Il n’est pas rare que, jouant sur l’anonymat du web, des barbus se fassent passer pour des musulmanes comblées… 

Ceci étant, et loin des slogans creux du genre “l’Islam vaincra !” que Zohour proclame avec la véhémence de quelqu’un qui a besoin de s’en persuader, des questions de fond sont soulevées ici, et il serait malheureux de ne pas les entendre. Cet auteur évoque le “cours de l’histoire” et le passage de l’obscurantisme à la lumière. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce dernier thème n’est pas une invention du militantisme laïciste anti-chrétien du 19e siècle mais effectivement un thème islamique ancien, sous la forme de l’opposition entre l’ignorancité (ou état d’ignorance où vivent les peuples avant de recevoir la lumière du Coran, la jahiliya) et la Révélation qui descend du Ciel (tanzîl). Dans le cas du laïcisme comme dans celui de l’islam, on nous dit que la venue de la Lumière fera advenir des lendemains qui chantent ainsi que la grande fraternité universelle (cela avait également été l’axe majeur de la foi communiste qui a marqué plusieurs générations d’Européens au 20e siècle).

Or, depuis la fin officielle du communisme soviétique (1991), on dit que nous sommes entrés dans la « FIN de l’HISTOIRE », au sens où il ne serait plus possible désormais de parler du sens ou du cours de l’Histoire. Les totalitarismes du 20e siècle, qui tous prétendaient détenir le sens de l’Histoire, ont conduit à de telles horreurs que l’on est devenu réservé à ce propos – non sans hypocrisies.

La question reste néanmoins : l’Histoire a-t-elle un sens ?

Pour un croyant, la réponse est nécessairement oui, car il est impensable que le monde reste indéfiniment dans l’état d’injustice et de misère que l’on peut voir – et les choses ne vont manifestement pas dans le sens de l’amélioration. Les délires optimistes des années « peace and love » sont révolus, ce qui ne veut pas dire pour autant que la génération « no future » actuelle ait raison. Car n’existe-t-il que deux options : ou bien « Le monde est foutu, droguons-nous », ou bien « Nous avons la recette pour sauver le monde » ? Voilà le dilemme dans lequel on veut nous enfermer. Personnellement, à choisir entre la peste et le choléra, je préfère être en bonne santé.

Mais alors, que penser du sens de l’Histoire ? En fait, le problème n’est pas de savoir s’il existe, mais de savoir lequel. Ce qui est (partiellement) discrédité, ce sont les regards globaux qui seraient supposés fournir une recette permettant de sauver le monde et « d’accomplir l’Histoire ». Si un tel « sens de l’Histoire » était disponible, on le saurait depuis longtemps. De plus, dans le passé, les prétendues recettes ont été si divergentes et destructrices qu’aucune ne peut plus prétendre aujourd’hui à la légitimité.

Pour autant, la question reste ouverte. Il n’est pas pensable que le Dieu, Qui a créé le monde pour le bien, soit mis en échec par l’autodestruction qui déferle sur notre planète, la rendant de plus en plus inhabitable pour beaucoup et menaçant même l’avenir de l’Humanité. Autant, dans les années soixante, on projetait des chiffres délirants (et déjà mensongers) quant à la croissance du nombre d’êtres humains sur la terre, autant on en revient aujourd’hui, sans plus trop savoir où l’on va : dans beaucoup de pays du monde, la population est en diminution rapide, et si l’allongement du temps de vie joue encore dans certaines régions, il est de nombreux pays où elle est déjà en train de diminuer fortement. Et si l’homme est aujourd’hui menacé, c’est d’abord parce que la base de sa vie – sa terre, sa famille, son identité – est attaquée journellement dans les faits et dans la culture. Des régions entières sont transformées en désert et en cimetière, visible ou non, et certaines idéologies fournissent des justifications à ces entreprises de pouvoir et de mort.

Il faudra reparler de ces questions.
 Sommaire du document 

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 (Lu sur un site de discussion) Le messianisme, une notion complexe :

[Dans l’étude Le messie et son prophète,] Il y a une confusion entre le messianisme hébreu et le dualisme ; elle provient du fait que de nombreux juifs du temps de Jésus attendaient un sauveur qui les aideraient à restaurer la souveraineté nationale. Leur conception du messianisme était terrestre, nationaliste et guerrière. Mais même ainsi ces Juifs dualistes ne prétendaient nullement conquérir la terre entière pour la soumettre. Prétendre que la secte nazaréenne, qui n’était ni juive, ni chrétienne mais gnostique, est messianique est une erreur grave car elle rend inintelligible la nature réelle de l’islam et de tous les prétendus messianismes athées”.

Réponse :

L’internaute auteur de ces lignes, qui entend connaître “la nature réelle de l’islam”, semble raisonner dans un schéma unique et univoque, où s’entremêlent des notions telles que « dualisme », « judaïsme », « gnose », « messianisme », « athéisme » etc. Depuis longtemps, le mot de « messianisme » est reçu largement et à juste titre pour désigner des doctrines éventuellement modernes, où un salut mondial ou simplement collectif est supposé être en jeu ; et le rapport avec l’histoire juive est démontré par des historiens juifs eux-mêmes. Par ailleurs, s’il est arrivé que certains auteurs patristiques désignent du terme de « nazaréens » certains groupes gnostiques, c’est parfois par erreur ou en tout cas par ignorance de leurs origines propres (de fait, lassés par l’attente du retour du Messie, quelques groupes judéo-nazaréens ont troqué leur « foi » pour des croyances de type gnostique – où, par définition, il n’y a plus rien à attendre dans l’histoire). Le document 16 montre bien en quoi et pourquoi le judéo-nazaréisme diverge radicalement de la gnose, et cela dès l’origine. 

La « confusion » que l’auteur croit devoir dénoncer est la sienne : pour l’essentiel, il n’a pas saisi à la fois la ressemblance et la différence qui existent entre le messianisme pré-chrétien hébreu et celui de l’idéologie judéo-nazaréenne. La différence ne tient pas simplement au fait que l’un est antérieur à notre ère et l’autre post-chrétien, mais à leur nature propre. Et le premier n’est pas comme tel la source du second, pas plus que le pré-gnosticisme (de Philon par exemple) ne fut la source de la gnose. Entre ces phénomènes pré-chrétiens et ce qui est advenu par la suite dans notre ère (messianisme des « nazaréens » et gnose), on peut voir après coup un lien de préparation au sens où ce qui est antérieur a pu préparer les esprits – ou certains au moins – à ce qui arrivera ensuite, mais en aucun cas un lien de responsabilité. C’est que, entre les deux, il y a eu le judéo-christianisme des apôtres et ses suites.

Les judéo-nazaréens vont réutiliser les vieux livres messianistes apocalyptiques et les actualiser... à leur manière – ce qui, à leur point de vue à eux, n’était pas trahir ces textes. D’ailleurs, ne suffisait-il pas souvent de réécrire quelques petits paragraphes (quitte à les allonger légèrement) pour donner un sens nouveau à l’ensemble ? Remarquons aussi que ces écrits qu’ils « détournent » étaient majoritairement des pseudépigraphes (c’est-à-dire qu’ils se présentaient déjà faussement comme écrits par un lointain personnage du passé, souvent un des Prophètes) : ils avaient donc d’autant moins l’impression de les trahir en les « mettant à jour ».

Cette littérature est accessible, mais souvent très mal présentée et commentée ; on lui a fait dire n’importe quoi (voir en particulier le document 2). Cela ne facilite pas la compréhension d’un esprit habitué à raisonner à la grosse louche et en qui les simplismes révèlent un dangereux « dualisme », justement.
 Sommaire du document 

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Quelques sites ou pages fiables relatifs au judéo-christianisme, à ses dérives, ou à l’histoire de l’Islam
 
 

URL des conférences du professeur Manfred Kropp au Collège de France en 2005 (France Culture) :

Vidéo + textes (à télécharger) :

http://www.diffusion.ens.fr/college/index.php?res=conf&idconf=1053

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  Géostratégie :

http://alain.chouet.free.fr/documents/Elegis01.htm Analyses d’Alain Chouet, ancien chef du Service de renseignement de sécurité de la DGSE

http://www.afghana.org : le site qui a dénoncé depuis 1998 les horreurs des Talibans, ainsi que la collusion en leur faveur et contre la paix à laquelle travaillait le Commandant Massoud

http://alain.chouet.free.fr/documents/fmuz2.htm Les « Frères musulmans »: chronique d’une barbarie annoncéeAlain Chouet

http://www.alexandredelvalle.com/publications.php?id_art=257 / Pour écouter l’émission.

http://cy.revues.org/document132.htm (Iwona GADJA)

http://marclavergne.free.fr/travaux/caf/soudstdie.htm

UNE VIDÉO DE LA TÉLÉVISION TCHÈQUE –  La Vérité sur le KOSOVO, une réalité effrayante suite à la guerre de 1999

http://www.afrik.com/article10236.htm

http://www.communautarisme.net/Les-droits-culturels-parachevent-ils-ou-minent-ils-les-droits-de-l-homme-_a587.htm

http://www.iran-resist.org/article23

http://www.lesoirdalgerie.com/pdf/2006/11/27/p24.pdf ou

http://www.vigilsd.org Rappel de la situation au Sud-Soudan + www.esisc.eu/documents/chine-soudan.pdf

http://www.ataturquie.asso.fr/info_et_050621_4.htm (Joseph Yacoub /Le Figaro, à propos du rapport ONU 2000 de Abdelfattah Amor sur la Turquie)

http://www.aed-france.org/observatoire/moyen_orient.php (nouvelles du Proche-Orient)

http://www.aed-france.org/observatoire/pays.php?id=69 (situation religieuse au Nigeria)

http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoca.nsf/TestFrame/88c2e36c0b3846d38025673c0060cc8f?Opendocument (Rapport sur l’esclavage et le génocide, Soudan)

http://www.ecomtrade.co.il/eMall/Shops/1559/imgbank/Overview%20French%20Final%204%20Print.pdf Résumé du Rapport : Center for Monitoring the Impact of Peace, L’attitude envers « l’autre » et envers la paix dans les manuels scolaires et les guides de l’enseignant iraniens

   Etudes coraniques :

http://www.revue-texto.net/Parutions/CR/Brague_CR.htm L’article qui présente les travaux de Christoph Luxenberg sur le texte coranique

http://www.dailymotion.com/relevance/search/Remi%2BBrague%2BLuc%2BFerry/video/x1topt_remi-brague-vs-luc-ferry-kto-24-11 VIDEO : Luc Ferry se fait remettre à sa place au sujet du Juge-philosophe Averroès

AUDIO – France Culture avec Alain Finkelkraut – 50mn (invités: Soheib Bencheikh, François Jourdan. Le dialogue théologique, possible ou non ?)

AUDIO – Annie Laurent: la personne humaine en islam – 20mn

http://www.ict-toulouse.asso.fr/ble/site/659.htm (recension)

http://classiques.uqac.ca/contemporains/sfar_mondher/coran_bible_orient_ancien/coran_bible.htm Le premier livre publié par Mondher Sfar, à télécharger au format PDF, Word ou RTF

http://www.ilya.it/chrono/pages/corancristfr.htm à propos des travaux de Lülling sur le Coran (1970-1980), précédant ceux de :

http://books.google.com/books?id=227GhaeKYl4C&hl=fr - Le fameux livre de Christoph Luxenberg est paru en anglais (2008) et est accessible sur Google-livres : The Syro-Aramaic Reading of the Koran: A Contribution to the Decoding of the Language of the Koran, Berlin, Verlag Hans Schiler, 2007 !

   Histoire :

http://www.abbe-carmignac.org

http://mypage.bluewin.ch/ameland/ArticleF1.htm (Bat Ye’or, historienne)

http://www.agoravox.fr/print_article.php3?id_article=14718&format=print (sur les Araméens)

http://www.credho.org/biblio/islam/cultur.htm (concernant le débats des Droits de l’homme)

http://www.dhimmitude.org/archive/commmentaire_spring2002.htm (Bat Ye’or, historienne)

http://www.erf-auteuil.org/conferences/l-aventure-nestorienne.htm

http://www.imprescriptible.fr/documents/naayem/ (sur les Araméens)

http://www.imprescriptible.fr/seyfo/atman-reconnaissance/

http://sanate.free.fr:80/ (Ephrem-Iso Yousif, les Croisades : le regard des Syriaques contemporains, loin des clichés de guerres de civilisations inventés au XIXe siècle)

http://www.collectifvan.org/article.php?id=44 (destruction du patrimoine non musulman)

http://www.egyptologyonline.com/coptic_egypt.htm (Egypte ancienne et non musulmane)

L’esclavagisme en Afrique du Nord

    ! Nous faire part de références intéressantes (site ou article) – elles sont rares !– :    Sommaire du document 

Sommaire du document

 [A] Dans Oriens Christianus, tome 91, 2007, p.304-306, mais paru avec retard (2008).

[B] Moussali Antoine (1920-2003), Interrogations d’un ami des musulmans, in COLL. sous la direction d’Annie Laurent, Vivre avec l’Islam ? Réflexions chrétiennes sur la religion de Mahomet, Paris, éd. Saint-Paul, 1996 / 3e éd., 1997, p.236-238.

[C] Le texte actuel est plus long ; on y décèle à l’évidence des strates postérieures : “il cassera la croix et tuera les porcs”, et : “En ce moment, une seule prosternation sera meilleure que le monde et son contenu. Puis Abu Hurayra dit : « Lisez, si vous voulez les paroles d’Allah : Il n’y aura personne, parmi les gens du Livre, qui n’aura pas foi en lui avant sa mort. Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux » (Coran 4,159)” (Bukhari et Muslim).


[1] PAUL André, Les révélations de la Mer Morte. Un bilan du cinquantenaire, in NRT n° 121, avril-juin 1999, p.214-215 ; Jésus-Christ, la rupture. Essai sur la naissance du christianisme, Paris, Bayard, 2001, p.271. Voir Qumrân, latrines et impasse.

[2] La nouvelle exégèse se fonde davantage sur l’histoire, sur les notices des documents orientaux, notamment liturgiques (si on tenait déjà compte des notices patristiques occidentales, ce serait déjà bien), et sur la connaissance de l’oralité (qui suppose celle de l’araméen du 1er siècle et de la Pešitta des Chaldéens). À la suite de Carmignac et de Tresmontant, les travaux de Pierre Perrier ouvrent solidement cette voie. À noter en matière d’histoire cette parution qui fera date :

   Thomas fonde l’Eglise en Chine (65-68), de Pierre Perrier et Xavier Walter, Paris, éditions du Jubilé-Sarment, 2008. Voir extraits.

[3] Ce qu’on appelle "le texte grec de Flavius Josèphe" est un manuscrit qui date du 9e siècle et qui reflète un original interpolé dans les milieux impériaux du 3e siècle. Parmi les nombreux ajouts, il faut signaler la mention d’une "porte des Esséniens" à Jérusalem : une telle porte est inconnue de toute la littérature juive ou non juive, et elle ne se trouve pas dans les manuscrits non grecs !

[4] Ou presque le double de siècles si l’on veut tenir compte des régions où la religion hébraïque s’est développée d’abord.