Le Mahomet de l’histoire / en conclusion de la 3e partie
extrait 3 de la 3ème Partie

3.6.2.4     Du Muhammad de l’histoire à celui des Califes

Muhammad est mort sans avoir vu ni Jérusalem occupée par les siens, ni l’érection du Temple ultime ; nul ne sait comment il aurait réagi en se voyant détrompé par la non-venue du Messie-Jésus. Ce non-événement a changé le cours des choses.

Par la force, nombre de tribus arabes avaient été fédérées et endoctrinées en vue de ce projet. Après avoir tout sacrifié à un long effort de guerre durant au moins neuf ans (629-638) et après avoir goûté au pouvoir et aux richesses, ces muhâjirûn et leur chef ‘Umar n’allaient pas retourner sagement au désert. Le mouvement fut réorienté – et retourné contre ses initiateurs et mentors judéonazaréens – mais l’essentiel du projet et de sa politique demeura. Le monde doit être sauvé, mais c’est l’Ummah des Arabes qui tient désormais le flambeau du salut, comme le rappelle la devise de la Ligue arabe qui est un verset coranique :
Vous êtes la meilleure ummah qui ait été suscitée pour les hommes” (s. 3,110).

C’est dans ce cadre que Muhammad a joué un rôle déterminant dans le processus historique qui a finalement abouti à l’Islam que nous connaissons aujourd’hui. Il n’a rien apporté de nouveau quant au contenu de son messianisme : il n’a fait qu’en témoigner et l’appliquer, et cela habilement et sans scrupule que l’on sache. Certes, après coup, on peut relever des ressemblances entre le Muhammad historique et celui des biographies fabriquées sous l’égide des Califes ; mais ces ressemblances ne portent jamais que sur des circonstances secondaires (qui ne sont d’ailleurs jamais parfaitement rapportées), et surtout : elles ne peuvent aucunement être éclairantes a priori pour le chercheur.

Après sa mort, le souvenir de Muhammad est rapidement tombé dans l’oubli ; en tout cas, on ne parla plus de lui, ce qui n’était peut-être pas involontaire. Presque deux générations plus tard, il en est ressorti : sa figure reçoit alors un rôle particulier à tenir. Le souvenir ténu de l’éphémère chef historique s’efface peu à peu derrière le personnage que la légendologie va élaborer.

                        
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