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                                   Islamologie et enjeux

            Plus que toute autre, la recherche islamologique subit des pressions. Celles-ci, on s’en doute, proviennent en premier lieu des pouvoirs politiques se réclamant de l’islam. Mais il faut y ajouter celles qui relèvent d’intérêts divers, en particulier occidentaux et généralement tournés vers la promotion de l’islam, voire de l'islamisme. Ce n’est un secret pour personne que, depuis longtemps, certains services secrets occidentaux ont vu dans les groupes islamistes des acteurs pouvant servir les pouvoirs pour lesquels ils œuvraient dans l’ombre. Dans les années 1920, le MI6 anglais a largement contribué à créer et à soutenir les Frères Musulmans, originellement pour nuire à l’Empire turc. Un service d’un autre pays a pris le relais, jusqu’à la connivence : des membres des familles fondatrices de ce mouvement sont présents jusque dans les rouages du Département d’Etat à Washington. Et d’autres mouvements terroristes ne sont pas moins liés à ce service.

            Depuis peu, et parce que leurs actions finissent par menacer des intérêts occidentaux, il est permis de parler de la réalité de ces mouvements dans les médias officiels, et donc aussi de l’islam par lequel ils se légitiment au grand jour – mais à condition de maintenir la fiction historique créée autour de ses origines. Un tel cadre pèse sur la recherche.

            En éclairant ses véritables origines, la recherche sur l’islam permet de comprendre des motivations et des représentations mentales qui ne sont pas très éloignées de celles que véhicule l’identité islamique aujourd’hui. Le dogme du Coran incréé conservé au Ciel et dicté à un messager n’a été élaboré que comme un rideau de fumée, afin de masquer l’accès à cette compréhension ; à l’inverse, l’idée que l’islam serait un simple produit du VIIe siècle fourvoie tout autant, et d’autant plus que l’on se met alors à imaginer qu’une « mise à jour » de l’islam résoudrait les problèmes qui se posent aux sociétés civiles actuelles. Ces deux a priori empêchent d’analyser la réalité ; et ils aggravent considérablement les problèmes.

            La recherche ne fournit pas de solutions toutes faites. Elle ne juge pas non plus – des horreurs aussi monstrueuses que celles que commettent les islamistes se pratiquent hélas dans bien des régions du monde où ils n’existent pas. Mais une juste appréciation des problèmes prévient la peur et les mauvaises décisions qui pourraient être prises, notamment face au potentiel islamiste accumulé en Europe dans des villes ou des quartiers à majorité musulmane. En éclairant, la recherche peut aider à trouver des solutions – en tout cas les moins mauvaises.






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