Extraits de : Perrier Pierre et Xavier Walter, Thomas fonde l’Eglise en Chine (65-68),
Paris, éd. du Jubilé, 2008.
Le livre se présente comme une vaste
et passionnante enquête qui emmène le lecteur de découvertes en découvertes –
celles que les auteurs ont faites eux-mêmes – dans les domaines de l’histoire
chinoise (les fameuses chroniques impériales), de la géographie, de
archéologie, etc. Le point de départ fortuit de l’enquête, outre des rencontres
inattendues faites en Chine, était cette photo étonnante mais de mauvaise
qualité que l’on trouvait sur le web dans certains sites chinois dédiés au
tourisme :
Il s’agit des deux des trois plus
grandes sculptures que l’on sait datées de l’an 70, auxquelles d’autres ont été ajoutées au moins
un siècle plus tard ; la falaise où elles sont gravées se trouve à la
sortie du port de Lianyungang sur la route menant à la capitale impériale de l’époque,
Luoyang.
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EXTRAIT 1 : (p.55-57)
“Tout
était à reprendre et à clarifier dans un ensemble heureusement important de
traditions recueillies par le monde bouddhiste. Il fallait redistribuer faits
et signes conservés, les uns par la tradition liée à la première mission (pour
nous chrétienne), à compter de la date du sonde de l’empereur Mingdi, en 64-65 ; les autres, par le souvenir d’une
seconde mission, postérieure de près d’un siècle, parvenue à Luoyang sous l’empereur
Han Andi, après les accords avec les Kouchans, suite
aux opérations militaires, dans les années 90, puis les années 120, des
généraux Ban Chao et Ban Yong. C’est à cette
redistribution que nous nous sommes attelés après avoir découvert, dans le
troisième personnage de Kong Wang, une femme, l’argument
essentiel d’une figure qui sera, elle, incorporée progressivement dans le
bouddhisme chinois.
Quel transfert religieux et
quelles traces ?
Un examen
plus attentif de la photographie de la troisième figure de Kong Wang révéla qu’il s’agissait d’une femme allongée sur un
lit, appuyée sur un coussin, et qui portait sur elle un petit enfant enveloppé
de langes. De sa main droite, elle le
désignait à l’observateur. Son
mouvement était d’une configuration iconographique spécifique évidente,
conforme exactement aux Nativités orientales traditionnelles, telles qu’elles
seront représentées par la suite: la Vierge y présente toujours L’Enfant
nouveau-né à l’adoration des fidèles. Cette scène obéit au modèle
iconographique (initialement païen) en usage courant chez les Parthes au 1er siècle : il est introduit sous
cette forme précise par les artistes du courant artistique qui s’épanouit alors
dans le Nord du golfe Persique, à proximité du port[1]
d’où appareillaient les bateaux à destination de l’Inde du Sud, avec ses
passagers et marchandises en quête éventuelle d’un relais vers la Chine et le
Japon. Ces artistes ciselaient des bas-reliefs sur des parois rocheuses verticales
représentant en général un couple de prêtres debout, à côté d’une divinité
assise. Le golfe était le débouché
commercial naturel du nord du pays (l’Assyrie) - qu’avait d’abord évangélisé l’apôtre
Thomas qui avait prêché à Ninive en compagnie de l’apôtre Nathanaël-Barthélemy
dans les années 40 - et du sud (la Chaldée) du « Pays des deux fleuves », en
grec: la Mésopotamie où évangélisait l’apôtre Jude.
Une trace associée à une
miséricorde absente du « Petit Véhicule »
Par cette
origine, on comprend d’autant mieux pourquoi une représentation de Marie à L’Enfant
a été sculptée sur cette paroi dans les années 60 que le 15 Ab (août) de l’année
51 est la date traditionnelle de l’Assomption de Marie, à Jérusalem. Or, selon la tradition, Thomas s’y est
replié, depuis Pattala, dans le delta de l’Indus, où
la guerre l’a surpris. Il arrive à
Jérusalem après l’événement et en repart vers l’Inde du Sud, gardant au coeur
le souvenir de Marie, mère du Verbe et de l’Église et son témoignage oral,
témoignage de vraie « mère de mémoire »[2]
recueilli par Jacques le Mineur, Jean et Luc sur l’enfance de Jésus, le sfar d’talioutha
que nous appelons l’évangile de l’enfance.
Cet Évangile de l’enfance où se
développe le récit de la Nativité est d’abord une authentique glorification de
l’Incarnation de Miséricorde[3]
dont le grand mouvement, selon la théologie des textes les plus chers aux
judéo-chrétiens, culmine à la croix de la Passion. Or, la Miséricorde, totalement absente du
« Petit Véhicule » – appellation péjorative du bouddhisme initial par
les tenants du Mahayana – est précisément l’un des points clés qu’introduira
dans le bouddhisme, à compter du IIIe
siècle, le « Grand Véhicule », en la personne du bodhisattva Avalokitesvara, lequel prendra dans le bouddhisme chinois
la figure féminine de Guanyin”.
(p.55-57)
“Il était
de plus en plus clair que le problème principal que rencontraient les
archéologues chinois était leur ignorance à peu près totale du christianisme des
origines, voire d’un fonds élémentaire de textes chrétiens, à commencer par les
Évangiles”. (p.43)
Extrait 2 : (p.77-81)
CHAPITRE V
SIGNATURE ET LECTURE JUDÉO-CHRÉTIENNES
DES BAS-RELIEFS DE LA PAROI DE KONG WANG
“Pouvais-je
être vraiment sûr de l’origine et donc du sens du message que me semblait avoir
offert le sculpteur à celui qui observerait les bas-reliefs de Kong Wang Shan [4]
? Il n’y avait aucune inscription, pas de « légende »à ces images, qui eût
permis une attribution initiale exacte, par-delà les aléas de la tradition
orale et les siècles. Or, cette
signature était là ; il me fallait simplement la découvrir.
Un sceau sur la falaise, mais de
quelle origine ?
Tandis
que j’examinais avec un soin redoublé la photographie des deux premiers
personnages, en usant des capacités de traitement d’images de mon ordinateur,
je constatai que, vers le bas, ce n’était pas un losange noir qui séparait les
deux personnages, mais une zone sombre sur laquelle se laissaient deviner des
traits. À première vue, on notait un poteau vertical et une traverse horizontale
au bout de laquelle figurait un triangle, la pointe dirigée vers l’extérieur.
Il importait d’identifier ce qui pouvait avoir été gravé sur le bras gauche de
cette croix et sur le haut, où l’on distinguait des lignes arrondies. Après de longues hésitations, bientôt
surmontées grâce à des changements de contraste, il se confirma que le bras
gauche de la croix était également terminé par un triangle, lequel dépassait l’épaisseur
de la traverse tant vers le haut que vers le bas. Ainsi, la croix tenue fermement
de la main droite posée sur sa poitrine par le personnage principal avait les
extrémités de sa traverse horizontale de forme triangulaire: ce dessin n’était
pas courant dans les croix latines ou byzantines anciennes.
L’étude
détaillée des formes visibles (1. en haut du poteau vertical de la grande croix
en X qui domine et réunit les deux personnages ; 2. sur la croix en +,
taillée devant le premier personnage sur la face avant du rocher) montrait sans
erreur possible, pour un spécialiste des inscriptions grecques de l’art
paléochrétien, que l’on avait là un signe rho
- le R grec – comme on a l’habitude d’en voir sur les sarcophages, proche
par sa forme du P latin. Le complète habituellement le signe X – chi
grec transcrit ch en écriture latine –
avec lequel il présente – X + P – les deux premières lettres du mot XPistos,
le Christ en grec, mais seulement à partir du IIe siècle. Or, le X était absent en bas. Et pour cause !
Il eût été très surprenant de voir un monogramme grec associé à une représentation de l’apôtre Thomas, dont la mission
se développe entièrement à l’extérieur de l’empire gréco-romain et de tout
usage du grec.
Une abréviation commune dans l’Église
des origines ?
Mais il
me fallut arrêter les discussions que mes amis grecs entamaient pour défendre
la thèse, chère à beaucoup d’occidentaux (mais jamais prouvée), d’un usage
populaire d’un grec vulgaire répandu en Palestine au temps de Jésus.
Il m’a
fallu aussi briser net une seconde discussion que mes amis exégètes entamaient, fâchés que le deuxième personnage tînt dans sa
main gauche un rouleau qui aurait pu être un aide-mémoire de textes
évangéliques, si on accordait du crédit à mes propositions... Un aide-mémoire
dès 65 et en Chine? Pour un apôtre ayant
quitté en 51 la Palestine ? Il fallait donc qu’il y en ait eu bien plus
tôt dans l’Empire parthe ! Et pourquoi pas fin 51 – quand Thomas repassa
par Jérusalem, revenant de Pattala, avant de
repartir vers l’Inde du sud ?
L’hypothèse
plausible (une évidence à mes yeux) était que Thomas usait, pour prêcher, de la
tradition évangélique orale, selon sa forme du Ier siècle, c’est-à-dire avec des textes écrits aide-mémoire comme
à Qumrân. L’accompagnait un diacre interprète muni d’un
rouleau mémento, en araméen, d’une partie des mémoires des apôtres. L’interprète
de Kong Wang, à « Port-touche-nuage »,
est vêtu d’une robe parthe, il parle donc probablement araméen, et non grec.
Or, cette hypothèse était incompatible avec celle, sacro-sainte pour trop d’exégètes,
d’une transmission orale sans aide-mémoire écrit – puisque l’écrit évangélique
est, selon eux, postérieur à 70 et en grec seulement[5].
Pour eux, donc, s’il y avait un rho grec sur le bas-relief, le rouleau de l’interprète ne
pouvait pas contenir autre chose que du grec. Ce devait être une citation des
prophéties sur le Christ, d’Isaïe par exemple, en rapport avec la Passion et la
croix, donc avec la Septante. Oui, bien sûr!
Mais alors, pourquoi la Septante portée par un Parthe venant de l’Empire
parthe, où elle est inconnue, puisque l’on y dispose abondamment des textes
hébreux ou de leurs targumim[6]
araméens - en écriture babylonienne carrée ou plus cursive ? À moins qu’elle ne
servît à valider le serment dont la main levée est signe ? Les questions
succédaient aux questions... Peut-être cette inscription n’était-elle pas
grecque ? N’aurions-nous pas affaire à une abréviation commune dans l’Église
des origines ?
Une signature judéo-chrétienne en
araméen ?
Ce P, rho grec, pour tout spécialiste
de l’Eglise des origines, c’était un faux problème, lié à une mauvaise
lecture. Nous étions face à un monde parlant et écrivant beaucoup, comme à Qumran, en araméen ou en hébreu. Il s’agissait donc d’un qof et non d’un rho. Les
distinguer est facile, grâce aux deux inflexions portées sur la demi-lune
tracée en haut et à droite du trait vertical. Ce qof était une lettre-signe
pour les judéo-chrétiens; les multiples graffitis du Ier et du IIe siècle en
Palestine le montrent. Les judéo-chrétiens l’emploient seule ou avec la barre
horizontale, sous la demi-lune et formant croix. La barre fait de ce qof le serpent d’airain
resplendissant au désert, lové sur son pilier et portant le salut à ceux qu’ont
mordus les reptiles qui, tapis sous le sable du désert, se gardent du soleil
trop brûlant. Jésus avait pris cette image de la tentation du peuple hébreu au
désert pour montrer à ses disciples comment Lui-même aurait à être élevé aux
yeux de tous sur la croix pour apporter le pardon des péchés. Mais, pour tout lecteur chrétien de l’araméen,
ce serpent élevé sur l’arbre de la croix, c’est aussi le qof initial du mot qyamtha –
résurrection”.
(p.77-81)
EXTRAIT 3 : (p.96-97)
“Une pièce capitale
Voilà ce
que dit cette pièce capitale de notre dossier qui n’est pas étrangère, par
ailleurs, à l’importance que revêtent alors pour les souverains chinois les
relations de l’Empire avec le monde extérieur - ce qui ne sera plus le cas à l’ère
où les Européens se lanceront sur les mers et débarqueront en Chine.
« Une tradition répandue veut que Mingdi eût un songe qui lui fit voir un homme blond [doré?], grand et dont le
sommet de la tête était auréolé. L’Empereur questionna sur ce songe une foule
de conseillers et l’un d’eux lui dit qu’en Occident existait un dieu dit
"lumineux" [ou "l’Homme-Lumière"].
Son corps avait huit zhang [huit empans, soit deux mètres environ] et son teint était doré [ou "comme l’or"].
L’Empereur,
désireux de s’enquérir de la vraie doctrine, dépêcha un envoyé au pays de Tianzhu pour qu’il s’informât des préceptes de l’illuminé. C’est à partir de cette époque que parvinrent
dans l’Empire du Milieu peintures et statues, et Ying,
prince de Zhu, commença à avoir foi en cette voie [ou en la personnalité qui
la prêchait] et, grâce à cela, l’Empire du Milieu la reçut avec estime. Plus
tard, l’empereur Huan [146-167] en devint dévot et s’adonna
à la pratique de ses rites, offrant souvent des sacrifices à Fo et à Laozi [7].
Peu à peu les gens acceptèrent cette voie et furent bientôt nombreux à en
pratiquer les rites. »
Quel est
cet homme « doré » (ou « comme l’or ») ? Comment faut-il comprendre ce « Dieu dit
"illuminé" » (ou « de lumière », voire «
transfiguré ») ? En sanscrit, on songe à l’adjectif « bouddha »[8]. Mais, dans ce cas, s’agit-il du Bouddha Gautama ou seulement de l’interprétation qu’a pu faire de
cette figure radieuse un homme du Ve
siècle comme Fan Ye ?
Quant à
la « Voie », désigne-t-elle la doctrine, ou la personne portant cette
doctrine vers l’an 65 ? Le mot chinois shu
signifie « savoir faire, art, technique, science », certes, mais
il peut aussi désigner la personne qui en fait montre. Shu peut être l’équivalent de shushi et signifier notamment « magicien,
diseur de bonne aventure, alchimiste ». Shi
implique « homme cultivé, lettré, sage » ; il est propre à
faire référence, et ce ne peut être que par souci de précision, à un homme tels
ceux que dans l’Empire parthe on disait des « mages ». Le mot « voie »
s’ajusterait alors, non à la réalité chinoise du dao (même s’il « ne peut être
appréhendé par l’esprit discursif, est manifeste dans le devenir naturel
et s’impose à l’homme en le rendant à lui-même »[9]),
mais à la réalité du Christ qui se désignait lui-même comme « la Voie, la
Vérité et la Vie » (Jn 14, 6)[10]”.
(p.96-97)
[1] Le port d’Apologos, selon les Grecs, à l’embouchure de l’actuel Chatt-el-Arab.
[2] Les « mères de mémoire » étaient, dans les communautés judéo-chrétiennes, des veuves qui veillaient mot à mot à la terminologie exacte des témoignages des apôtres pour garder les propos saints qui étaient tenus par les prédicateurs.
[3] La représentation de la Nativité sur la paroi répond très exactement au chapitre XI de L’Ascension d’Isaïe, texte judéo-chrétien du Ier siècle: « Il arriva tandis qu’ils étaient seuls que Marie regarda soudain de ses yeux et elle vit sur elle un petit enfant et elle fut bouleversée, et son ventre se retrouva comme auparavant, avant qu’il eut conçu. Lorsque son mari Joseph lui dit: "Pourquoi es-tu bouleversée ?", ses yeux s’ouvrirent et il vit l’enfant et il glorifia le Seigneur, car le Seigneur avait pris soin de son lot. » Commentaire de Dom Lafond, osb (Vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle, à paraître) : « On peut interpréter cet étrange récit en disant que, par sa naissance miraculeuse, Jésus préserva la virginité de sa Mère en disparaissant de son ventre et apparaissant aussitôt sur elle. La recommandation vise à préserver le secret de la naissance virginale qui fait partie du secret messianique attesté par les Évangiles. Voir le texte de Matthieu araméen 1,24-25 : "Joseph prit auprès de lui son épouse, sans la comprendre, jusqu’au jour où elle enfanta un fils et qu’elle lui donna le nom de jésus." » (Cf. cahier photos, 7.1 et 7.2).
[4] Shan: paroi, falaise en chinois; d’où Kong Wang Shan ou paroi de Kong Wang.
[5] Claude Tresmontant, parmi beaucoup d’autres, a montré que les Évangiles ont été mis par écrit sous la forme de dossiers de notes pris par les disciples du Christ selon ses paroles, bien avant d’être traduits en grec de synagogue avec le même lexique que la traduction grecque de la Bible hébraïque (la Septante). On n’a plus de raison de douter aujourd’hui, à la suite de nombreux travaux, qu’il s’agissait de notes directes selon les variantes dialectales des interlocuteurs de Jésus dans la langue commune araméenne maintenant mieux connue par les écrits de Qumrân. Ces dossiers de notes sont contemporains de la vie de Jésus et la traduction en grec en était terminée avant l’an 55, mais cela n’a pas d’importance pour les missions orientales toutes en araméen. Nous-mêmes et les spécialistes travaillant dans le sillage du P. Jousse avons précisé des variantes dialectales judéennes et galiléennes, dans des compositions orales conservées par tradition orale sous la forme de « mémoires » des apôtres collectés par Marie, les disciples, et vérifiés par les apôtres, avec témoin de référence écrit. Le texte oriental araméen, dit Peshitta, et l’occidental un peu retouché, Peshitto, sont des témoins très fidèles, aux variantes dialectales près, de ce texte-source oral, ou Pshytta (« l’original »: les anciens manuscrits gardent des signes de liaisons permettant de restituer les perles et colliers oraux originaux). Voir ANNEXE 1.
[6] Traduire la Bible est devenu après l’Exil une nécessité. Israël a d’abord entendu son II)ieu dans sa langue ancienne, l’hébreu. Quand il a commencé à perdre l’usage de l’hébreu pour parler l’araméen, il a fallu traduire la Parole dans les synagogues: c’est l’origine de textes araméens pour la lecture synagogale en Mésopotamie puis, plus tardivement, avec des targumim – paraphrases expliquant l’Écriture. Enfin le développement de la diaspora juive en Égypte a imposé le passage de l’hébreu au grec, ce fut la Septante.
[7] Bouddhisme et taoïsme finirent par répondre aux aspirations religieuses des Chinois, ce constat le confirme. Le rédacteur du Houhanshou ignore le christianisme; ce qu’explique très bien le sort infligé au prince Ying et justifie l’observation, au Ve siècle, de Fan Ye selon laquelle « la Voie [avait] été fermée », en fait « récupérée ».
[8] On dit en français une personne brillante, une santé éclatante, un visage lumineux de vieux moine. Avec l’adjectif galia, l’araméen insiste davantage sur l’illumination venant de l’intérieur que révèle l’« ouverture » du visage à travers lequel on accède au cœur. C’est un don de l’Esprit Saint qui est appelé sur chaque participant à la liturgie eucharistique par le prêtre, pour que tous reçoivent avec des visages rayonnants (appé galiatha) la « communion » aux mystères (cf. 2 Cor 3,18) ; elle permet la participation mystique à la liturgie céleste, par-delà le voile des réalités terrestres. On peut penser à l’expression bouddhique chinoise xinjing : « le cœur, miroir qui illumine toute chose » (Dictionnaire Ricci).
[9] Cf. Dictionnaire Ricci.
[10] Si Thomas a reconnu son Seigneur et son Dieu en Jésus ressuscité portant les marques de la Passion, l’empereur est invité à reconnaître, quand il viendra à Luoyang, l’envoyé du Seigneur qui lui apparaît. Cette reconnaissance sera facilitée et confirmée par la ressemblance physique de Thomas avec Jésus, ressemblance sur laquelle toutes les traditions concrètes.